Le printemps et les allergies sont de retour
Chaque année avec l’arrivée du printemps, la saison des bourgeons, du beau temps et des oiseaux qui chantent, les allergies sont de retour. Quatrième maladie mondiale, l’allergie pose aujourd’hui un réel problème de santé publique. En effet l’augmentation du nombre de personnes touchées a de quoi susciter des inquiétudes et des interrogations. Les allergies toucheraient plusieurs millions de personnes en France, rhinites et asthme confondus.
Le mot allergie est apparu au début du XXème siècle pour décrire une réaction anormale consécutive à l’injection de différentes protéines. Les allergies sont des réactions immunitaires anormales et excessives à différentes substances, souvent des protéines. Elles peuvent être respiratoires, oculaires, cutanées ou digestives. Les réactions allergiques sont conditionnées par trois facteurs : la génétique, l’hérédité (certaines maladies sous-jacentes favorisent leurs apparitions) et aussi l’environnement.
Multipliées par dix en trente ans
En 1974, 4,5 % des moins de 16 ans en souffraient, mais 52,6 % l’an dernier. Près de 20 % des Français souffrent d’allergies aux pollens et un patient sur quatre atteint de rhinite allergique a des symptômes d’asthme.
Les causes sont multiples : elles sont entre autres environnementales avec les pollutions industrielles qui ont rendu les pollens plus résistants et plus agressifs, mais viennent aussi de la fumée du tabac, des animaux, des aliments… Les enfants mangent de plus en plus jeunes ce qu’ils ne devraient pas manger. Pourtant, « il n’est pas besoin de bien cuisiner pour cuisiner simple« , expliquent les allergologues
Principale maladie allergique rencontrée au printemps et consécutive principalement aux pollens anémophiles (transportés par le vent) et contenant des protéines allergisantes : le rhume des foins.
Les symptômes d’allergies peuvent se manifester brusquement à tout moment, au domicile, lors d’une promenade à la campagne ou en ville. Ils peuvent se manifester par une irritation du nez, des picotements, des crises d’éternuements, des démangeaisons dans la gorge, parfois dans les oreilles, un nez qui coule, qui se bouche mais aussi des larmoiements, des rougeurs, l’impression d’avoir une poussière dans l’œil. Et il est connu qu’une allergie pollinique sur deux risque de se transformer en asthme; un autre symptôme rencontré occasionnellement peut être l’urticaire.
Il faut surveiller la régularité du « faux » rhume qui survient toujours, à deux ou trois jours près, à la même date et ce quel que soit le temps.
Les périodes de pollinisation se divisent en trois phases.
La première de janvier à avril, celle des arbres (dans nos régions, principalement bouleaux, charmes, aulnes, noisetiers, chênes, hêtres et châtaigniers). Selon la région de France, les troubles ne surviendront pas à la même période, en raison du climat et de l’ensoleillement. Dans le Sud de la France, les Cyprès, les genévriers et Thuyas pourront donner les premiers signes dès la fin janvier ou la mi février ; puis la saison des arbres à chatons (saule, peupliers, aulne, bouleau). Le frêne et l’Olivier sont présents sur 2 saisons, la saison des arbres et la saison des graminées. Plus on va vers le Nord du pays plus la floraison sera tardive et la végétation différente.
La deuxième phase, en mai et juin parfois aussi juillet, survient avec les graminées : céréales, herbes des bords de routes, tonte des gazons… les graminées regroupent plusieurs milliers d’espèces et sont présentes dans le monde entier !
Enfin la dernière phase juillet, août et septembre avec les « mauvaises » herbes en général, les armoises, ambroisies prédominant dans la région Lyonnaise, les orties, les plantains dans le Nord.
Les allergies aux pollens d’arbres peuvent parfois se conjuguer à des complications alimentaires consécutives à la consommation de cerises, pêches, pommes, prunes, brugnons, poires ou noisettes. Ce sont des « allergies croisées », alimentaires liées à la sensibilisation respiratoire aux pollens. Des allergies qui disparaissent le plus souvent avec la cuisson de ces aliments sauf quelques cas exceptionnels (céleri et armoise par ex.).
Il faut adapter son mode de vie en fonction de ses allergies et prendre des précautions.
« Ne pas se promener dans les bois quand les arbres sont en fleurs par exemple « , déclare l’allergologue avant d’ajouter : « rouler en voiture les vitres fermées, mettre des filtres à pollens sur les bouches d’aération des véhicules, ne pas tondre soi-même son gazon, prendre ses vacances d’été de préférence dans le Sud et à la mer, dormir la fenêtre fermée, se laver les cheveux chaque soir… » Des précautions simples, mais efficaces.
Les allergologues se veulent malgré tout rassurants : « Plus de 90 % des allergies sont soulagées avec des traitements associés« . Des traitements simples, locaux, avec des gouttes, du collyre, des comprimés et, à l’automne, dans le cadre du bilan, des tests seront faits et un traitement de désensibilisation peut être ensuite mis en place avec des gouttes, éventuellement des injections et des comprimés dès que les AMM seront prêtes ! (AMM : autorisation de Mise sur le Marché)
Les allergologues travaillent actuellement à des projets pour l’information, quant aux étiquetages ; il ne faut pas négliger non plus les allergies croisées et celles déclenchées par exemple, par les grains de pollens consommés pour « être en forme » et qui provoquent des toux et des rhinites !
Il faudra donc éviter de trop grandes expositions aux pollens en pleine saison, soulager les symptômes , et traiter la maladie; la désensibilisation étant le seul traitement spécifique de l’allergie. Les allergologues vous conseilleront au mieux et adapteront le traitement à chaque cas.
Dr Françoise LEPRINCE – Membre expert en Allergologie de l’ARCAA