Les édulcorants naturels sont de plus en plus utilisés et recherchés en alternative au sucre raffiné qu’il provienne de betterave ou de canne à sucre. Ils sont préférés aux substituts synthétiques tels l’aspartame, le sucralose et la saccharine dont les effets toxiques ont été bien documentés.
Ainsi on se tourne vers le sirop d’agave, le sirop d’érable, le stévia, le sucre de coco ou le miel qui ont un plus faible indice glycémique et diverses propriétés antioxydantes.
Sur le plan allergologique on connait bien les allergies au miel liées à la présence de pollens ou de sécrétions comme la propolis, le stévia mal raffiné (avant 2008) étant également source d’allergies alimentaires. En revanche il n’a pas été décrit d’allergie alimentaire au sirop d’érable, au sirop d’agave et au sucre de coco alors que le pollen d’érable est allergisant, de même que les protéines de la noix de coco et que la sève d’agave occasionne des dermites de contact et des allergies respiratoires.
Et il a aussi le sirop de racine de yagon. Le Yagon est aussi appelé poire de terre ou Smallanthus sonchifolius . Cette plante peut atteindre 2 mètres de haut. C’est une tubéreuse vivace de la famille des astéracées, originaire d’Amérique du sud cultivée pour ses tubercules croquants au goût sucré. Dans la même famille on dénombre le tournesol, le topinambour et le dahlia. La poire de terre est acclimatée et cultivée en Europe et on en consomme les tubercules cuits sous forme de gratin ou crus en salade. En version sucrée il prend la place du sucre raffiné dans des pâtisseries.
Le yagon en allergologie.
Les allergies alimentaires aux tubercules sont exceptionnelles mais des auteurs coréens ont décrit un cas d’anaphylaxie survenu lors de la consommation de yagon. Il s’agissait d’une femme de 55 ans sans antécédent allergique si ce n’est un prurit à l’épluchage de ginseng du pauvre (Codonopsis lanceolata). Alors qu’elle séjournait dans un sauna elle a présenté 5 minutes après consommation de tubercules de yagon en prise alimentaire unique un choc anaphylactique accompagné d’une urticaire généralisée. Après réanimation et à distance les tests cutanés en prick et intradermo étaient positifs avec un extrait de tubercule de yagon. Un test de réintroduction en ouvert entraînait après consommation de 2 grammes de yagon un syndrome oral puis une urticaire et un choc anaphylactique justifiant l’administration d’adrénaline.
Cette observation isolée mais bien documentée est un nouvel exemple du risque allergique induit par la consommation de substituts naturels et montre qu’un produit naturel et « bio » contient des allergènes potentiellement dangereux. Surveillons donc la tolérance de cette poire de terre dont la consommation est recommandée en médecine alternative pour le traitement de l’obésité de l’hypercholestérolémie et du diabète.
Pour en savoir plus
E.Y.Yun et al. A case of anaphylaxis after the ingestion of yacon. Allergy Asthma Immunol Res 2010 ;2 :149-52.