Infection pulmonaire causée par une bactérie nommée Legionella, transmise par inhalation d’aérosol d’eau contaminée, la légionellose a touché, en 2017, 1 630 personnes (132 décès), un nombre de cas largement supérieur à 2016 (1 218 cas) et le plus élevé depuis le début de la surveillance en 1987.
Cette augmentation s’est poursuivie en 2018 : au 21 août 2018, 1 312 cas de légionellose ont été enregistrés au niveau national, soit une augmentation de +64% par rapport à la même période en 2017, particulièrement en mai (+63% par rapport à mai 2017) et en juin (+228% par rapport à juin 2017). Les régions les plus touchées sont l’Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire. Ces taux élevés ne sont pas dus à une augmentation de cas groupés mais à une augmentation de cas sporadiques. Le mode d’exposition le plus fréquemment retrouvé (pour 39% des cas rapportés) est la notion de voyage, les personnes contaminées ayant séjourné dans un hôtel ou camping, un gîte, une maison d’hôte ou une location disponible par internet. On ne note pas d’augmentation de cas dans les établissements hospitaliers et les établissements d’hébergement pour personnes âgées. Le gradient géographique « Ouest – Est » du taux d’incidence des cas notifiés, constaté ces dernières années, est toujours présent. Une étude multifactorielle analysant les facteurs météorologiques a montré que la température, les précipitations et l’humidité semblent être des variables-clé dans la dispersion et la survie des légionelles. Le traitement antibiotique de la légionellose (macrolides ou fluoroquinolones) est d’autant plus efficace qu’il est mis en œuvre rapidement. Il est donc important que le diagnostic clinique de légionellose soit évoqué devant une symptomatologie compatible, et qu’une confirmation biologique soit effectuée au plus vite en cas de suspicion de légionellose.
La légionelle prolifère dans des installations hydriques lorsque les conditions de son développement sont réunies, comme la température entre 25 et 45°C, la stagnation de l’eau et les défauts d’entretien : réseaux d’eau chaude, tours aéroréfrigérantes et tout équipement générant des aérosols (bains à remous, humidificateurs, brumisateurs, fontaines décoratives, appareils à thérapie
respiratoire…). Si la réglementation a mis en place des actions préventives et une surveillance des légionelles pour les établissements thermaux (19 juin 2000), les établissements de santé (22 avril 2002), les établissements pour personnes âgées (28 octobre 2005), les établissements recevant du public (1 er février 2010), pour les tours aéroréfrigérantes (14 décembre 2013), et plus récemment, pour les systèmes collectifs de brumisation d’eau (27 avril 2017), il n’en demeure pas moins qu’il n’existe aucune obligation de surveillance pour les réseaux d’eau domestiques.
La bactérie est naturellement présente dans les circuits d’eau. La moindre faille lui permet de se développer et d’être dispersée dans l’atmosphère par une installation générant des aérosols d’eau.
Elle justifie d’un suivi régulier de ces installations. Les moyens préventifs sont connus depuis le début des années 2000 (Guide de gestion du risque lié aux légionelles, Conseil supérieur d’hygiène publique de France) : à nous de les mettre en œuvre !
Fabien Squinazi
Président du collège d’experts