La question de la santé, qui pourtant préoccupe chacun d’entre nous, a été totalement absente de la campagne électorale et ce sous toutes ses formes. C’est d’autant plus surprenant que le covid se porte fort bien même s’il a médiatiquement disparu, que la situation des hôpitaux est toujours catastrophique , que les déserts médicaux s’accroissent et que la prévention contre les maladies environnementales est chaque jour plus nécessaire.
Comment expliquer cette situation ? Elle se comprend d’autant moins que la santé paraît un enjeu moindre que celui des retraites qui mobilise la France entière. Or, les deux sujets sont liés et participent de la vie dans tous les sens du terme de nos concitoyens.
Pourquoi ce sujet pourtant essentiel est il incapable de mobiliser ? Pour des raisons diverses qui viennent tout d’abord de l’incapacité (ou de la mauvaise volonté ) des politiques de lier les sujets entre eux. Puis, pour des raisons propres à chacune des thématiques. S’agissant de l’hôpital et de sa gestion comptable catastrophique, tous les gouvernements qui se sont succédés depuis des années y ont largement contribué et donc partagent une responsabilité commune dans la situation qui certes s’est aggravée mais n’est pas nouvelle. Dès lors, sauf en ce qui concerne les partis qui n’ont jamais été au pouvoir, le sujet n’est pas abordé. Pour les autres, il ne fait pas partie de la mantra de base, qu’il s’agisse de la sécurité et de l’immigration pour les uns, de l’anticapitalisme pour les autres. S’agissant des déserts médicaux – dont le Conseil d’État a eu l’outrecuidance de considérer qu’il ne s’agissait pas d’un sujet et que rien ne prouvait l’impact de ces déserts médicaux sur la rupture d’égalité en termes de santé publique – il a été très légèrement abordé par certains candidats sans que ce soit un sujet majeur. Le sujet du covid n’a quasiment pas été abordé alors même qu’il aurait pu constituer un sujet de débat au regard des libertés publiques, des politiques de prévention, des luttes contre les nouvelles pandémies. En réalité, le risque auquel s’expose toute personne osant discuter des effets secondaires du vaccin, du pass sanitaire est celui d’être taxé de complotiste ce qui a pour mérite évident d’éviter le débat. La stratégie a très bien fonctionné. Enfin, pour le sujet le plus délicat, celui de la prévention, qui conduit à mettre sur la table les sujets de pollution atmosphérique, de pollution chimique liée en particulier aux pesticides, de consommation de produits potentiellement toxiques, il a été très largement négligé. La puissance du lobby agricole joint à celle de la chimie a été suffisante pour que ce sujet majeur, qui est à l’origine de milliers de décès par an, disparaisse des radars.
Comment faire ? En réalité, il faudrait totalement dépolitiser le débat et en faire une évidence comme la lutte contre le dérèglement climatique et peut-être davantage. Parler de santé, c’est parler de la vie, c’est parler de l’essentiel avant même le pouvoir d’achat. Quand on perd la santé et que l’on risque de mourir, ce sujet prime tous les autres. Il devrait primer lorsqu’on a la chance d’avoir la santé pour mettre en place la prévention nécessaire pour la garder. Mais sans doute cette évidence échappe-t-elle à la transformation que nous vivons.