Dans certains aliments, en particulier fruits, légumes et dans certaines plantes et graines, on retrouve des protéines, appelées LTP (protéines de transfert lipidique) qui font partie de la famille des Prolamines.
Celles-ci sont réputées pour provoquer des allergies alimentaires sévères et ceci plus fréquemment dans le sud de l’Europe. On peut devenir allergique à ces LTP par voie respiratoire (en inhalant des pollens) par voie cutanée (au contact de ces protéines) et par voie digestive (en ingérant des fruits ou légumes ou graines).
Parmi les allergies les plus connues à ces LTP, on peut citer la pêche, la noisette, la pomme, mais également les pollens d’arbres en particulier le cyprès. On retrouve également des allergies dites « famille du latex » comme le kiwi ou l’avocat.
Le cannabis a vu sa consommation banalisée ces dernières années, voire autorisée dans certains pays, bien que l’on connaisse ses effets délétères, et parmi ceux-ci, certainement peu ou pas connues des utilisateurs, des réactions allergiques : respiratoires et cutanées.
Une similitude a été retrouvée entre les LTP du cannabis et de la pêche mais également de la tomate.
L’équipe Lilloise, citée en début d’article, fait part de 5 cas où cette allergie croisée a été prouvée par des tests cutanés et des dosages sanguins.
Les 5 patients associaient des réactions allergiques cutanées au contact de la feuille de cannabis (urticaire de contact), 4 sur 5 étaient également asthmatiques, et ils avaient tous des réactions digestives : soit au niveau de la bouche (démangeaisons et petits œdèmes) soit des douleurs abdominales, diarrhée à l’ingestion de fruits comme le kiwi, avocat, épinard, noix, raisin, noisette…
Leur consommation moyenne de cannabis était de 1 à 10 joints par jour, un seul patient était soumis à une exposition passive.
Ces patients avaient donc tous le même « profil » allergique à ces LTP.
Mais que sont-elles ? Ce sont des protéines de défense retrouvées dans les membranes, résistantes à la cuisson et aux enzymes de la digestion. Elles sont donc très résistantes, et de ce fait peuvent provoquer des allergies graves pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique.
En Europe, les habitants d’Europe du sud sont plus fréquemment sensibles à ces LTP.
Les similitudes entre les LTP de différents fruits expliquent les réactions croisées entre ces fruits.
Pour le cannabis l’homologie est surtout importante pour la pêche et la tomate.
Il est possible de devenir allergique par voie respiratoire ( en respirant des feuilles de pêcher par exemple), par voie cutanée ( au contact de la pêche, mais également de l’asperge, voire de l’ail), et enfin par voie digestive (par ingestion de noisette, pêche).
Un cas a même été rapporté d’anaphylaxie à l’ingestion de cannabis !
Dans ces quelques cas, il faut noter que les patients ingéraient sans aucun problème les différents aliments, jusqu’à leur consommation de cannabis.
Ceci permet d’émettre l’hypothèse d’une allergie secondaire aux LTP des fruits, suite à une sensibilisation par la consommation de cannabis. La sensibilisation par voie cutanée n’est certainement pas exclue, mais difficile à mettre en évidence, les consommateurs préparant eux-mêmes leurs joints.