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Le prochain quinquennat devra s’attaquer à la santé

publié le 09/05/2022 | par Corinne Lepage

Il aura fallu attendre la période des législatives pour que les questions de santé publique soient enfin mises sur la table ; sans doute, les périodes électorales ne sont-elles pas les moments les meilleurs pour parler rationnellement et sérieusement de sujets souvent complexes ; mais, le fait de mettre ces sujets dans le débat public au plus haut niveau, de formuler des propositions qui sont discutées rend les sujets incontournables et contraint les nouveaux gouvernements à les traiter sérieusement.

Le quinquennat qui s’ouvre devra ainsi s’attaquer réellement à tous les sujets qui ont été mis sous le tapis depuis des années. La question de l’hôpital public et de son lien avec la médecine de ville est évidemment centrale ; redonner aux médecins et au personnel médical le soin de gérer l’hôpital plutôt que de le laisser aux « bons » soins des technocrates comptables est un impératif mais il ne suffit pas ; la revalorisation des rémunérations, l’attractivité des métiers doivent être au cœur des objectifs et des moyens. Quant à La question de la médecine de ville, elle rejoint celle des déserts médicaux dont le conseil d’État a jugé qu’il ne s’agissait pas d’un vrai sujet, que rien ne prouvait que l’absence de médecins dans certaines régions ait un impact sur la santé des gens et par voie de conséquence viole l’égalité de tous dans le droit à la santé. Ce sujet, qui devient vital, et qui ne touche pas que les campagnes conduit d’ores et déjà à priver 8 millions de nos concitoyens d’un accès aux médecins et ce seront plus de 10 millions dans quelques années si la situation continue à détériorer ; certes, nous payons le prix des politiques imbéciles du numerus clausus mais, ce motif n’épuise  pas le sujet. De profondes réformes sont indispensables pour permettre à chacun d’exercer son droit à pouvoir recourir à un médecin.

Il faudra également revenir sur la question de la dépendance et du grand âge. Les scandales qui affectent les grandes chaînes d’EHPAD ont mis l’accent sur un sujet qui dépasse très largement la question de la santé publique. En réalité, le problème du grand âge est celui du modèle de notre société, qui ne supporte plus ce qu’on appelle aujourd’hui les vieux et qui antérieurement s’appelait les anciens et qui les cache dans des mouroirs. Certes, la question des moyens financiers est très importante car pour rester à domicile lorsque l’on est dépendant, le coût est élevé. Mais il l’est également dans les EHPAD. Le sujet est en réalité beaucoup plus vaste et c’est un vrai sujet de société

Enfin, ces politiques publiques qui traitent du curatif font l’impasse sur le préventif qui est probablement le volet essentiel mais le moins connu et le plus maltraité. Le traitement de la covid a mis l’accent sur l’aspect préventif que constituait le vaccin et les gestes barrières. Mais, en revanche, il a totalement et peut-être délibérément occulté la prévention que pouvait constituer l’absorption de vitamine D, vitamine C et zinc allant même jusqu’à envisager l’interdiction de vente sans ordonnance de vitamine D. Cette allergie au recours à ce type de produit traduit plus qu’une réticence à l’égard des médecines douces qui s’est illustré avec le retrait du remboursement des médicaments homéopathiques malgré l’existence d’une grande entreprise française dans ce secteur. C’est une vision rétrécie de la question de la santé.  En réalité, la qualité des produits alimentaires, la pollution chimique ne sont pas considérés comme des facteurs majeurs de la santé et le lien entre le bien-être psychique et la santé physique n’est pas considérée comme essentielle. Or, tant que tout le contexte dans lequel vivent nos concitoyens ne sera pas considéré comme un élément majeur de la santé, nous ne parviendrons pas à traiter convenablement les questions de santé publique . Or, cet élément est totalement absent du débat et on ne peut que le regretter.

En définitive, et cette conclusion n’étonnera personne, ces grands sujets de santé publiques sont tous de grands sujets de société sur lesquels malheureusement nos concitoyens ne sont jamais appelés à se prononcer.

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