Difficile d’être originale car en ce mois de mars, l’actualité allergologique est encore et encore pollinique et elle le restera pour les mois à venir.
Rappelons que les pollens sont des grains microscopiques libérés par organes mâles des fleurs (les étamines). Ils contiennent les gamètes mâles de la fleur et ils vont ainsi permettre au végétal de se reproduire. Les pollens peuvent être véhiculés vers l’organe reproducteur femelle (le pistil) par les insectes (pollens entomophiles) ou par le vent (pollens anémophiles).
Les espèces anémophiles produisent un pollen très abondant qui est dispersé dans l’atmosphère. Ce sont ces pollens qui seront responsables de la grande majorité des symptômes printaniers d’allergie.
Les arbres pollinisent un peu partout sur le territoire depuis plus d’un mois.
Les pollens de cupressacées, conifères largement évoqués dans le bulletin de février sévissent toujours. Avec un risque maximal et même explosif au pourtour du bassin méditerranéen, on les retrouve sur tout le territoire, bien que moins représentés au fur et à mesure que l’on se dirige vers le nord.
La saison de pollinisation des arbres à châtons est amorcée.
Le chaton est un épi cylindrique, souvent pendant, rassemblant des fleurs unisexuées, très petites, en général sans enveloppe florale. Le terme de « chaton » fait allusion à la forme et à l’aspect des inflorescences de certains arbres tels que le saule. La concentration en pollens y est considérable, la dispersion dans l’atmosphères pour les espèces concernés, tout comme le cyprès peut être responsables de « pluies polliniques ».
La famille d’arbres à châtons les plus allergisants sont les bétulacées
Dès la fin janvier, les patients sensibles aux pollens de noisetier (corylus)ont ressortis leurs mouchoirs. C’est actuellement l’aulne (aulnus), réparti sur quasiment tout le territoire qui pollinise. Dès la fin du mois démarreront la pollinisation du charme (carpinus) et du bouleau (betula) principale bétulacée allergisante, à la pollinisation encore bien plus intense.
Citons aussi parmi les arbres à châtons allergisants les salicacées avec les différentes variétés de saule (salix) et le peuplier (populus), les fagacées : chêne (quercus), hêtre (fagus), chataigner (castanea)
Les oléacées, arbres à fleurs de la même famille que les ornementales que sont lilas, les jasmins et les forsythias comptent en leur sein deux espèces à fort potentiel allergisant :
Le frêne (fraxinus) compte une trentaine d’espèces disséminées sur toute l’Europe.
L’olivier sous sa forme spontanée (Olea Europa) et sa forme cultivée (variété sativa) dont la période de pollinisation, plus tardive que celle d’autres espèces d’arbres s’étend de mai à juin, en même temps que la pollinisation des graminées.
Mais alors, comment déterminer quand surviennent les signes d’allergie, quels sont les responsable de nos éternuements, de notre écoulement nasal, de notre larmoiement ? Lequel (ou lesquels) de ces suspects est (sont) le(s) coupables ?
Pas toujours facile. Et ce d’autant que la durée et l’intensité de la pollinisation de chaque espèce si elle suit de grandes lignes n’est pas obligatoirement varie d’une année sur l’autre en intensité, en durée, en fonction des conditions climatiques.
Le RNSA (Réseau National de Surveillance Aérobiologique), association crée en 1992 a pour mission l’étude du contenu en particules allergisantes (pollens et spores fungiques) dans l’air grâce à environ 80 capteurs polliniques répartis sur tout le territoire et le recueil des données cliniques par l’intermédiaire de ses sentinelles.
Le rendu des comptes polliniques et le calcul du risque allergique relèvent d’une méthodologie rigoureuse.
Les capteurs des Hirst, capteurs volumétriques disposés sur le toits d’immeubles dans les villes analysées aspirent 10 litres d’air par minute de manière continue. Ces particules viennent s’impacter sur une bande de cellophane enduite, bande analysée ensuite au microscope optique, ce qui permet de connaître avec précision la densité de chaque espèce de pollens dans l’air, sur une période donnée.
Tout comme nous avons nos empreintes digitales, chaque espèce de pollen a sa signature physique étudiable en microscopie optique, tant en taille (de 7 à 150 microns, par exemple, 30 microns en moyenne pour le pollen de cyprès, 24 pour le pollen de bouleau, 40 pour les pollens de graminées) qu’en forme (plus ou moins sphérique), que par la présence et le nombres de pores ou de sillons en surface, les apertures, zones d’amincissement de l’enveloppe extérieure du pollen, l’exine.
Cette reconnaissance et ce comptage des pollens allergisants permettent d’établir une carte de vigilance en temps réel, à partir de la densité des grains de pollens recueillies et de leur potentiel allergisant (car tous les pollens ne sont pas allergisants).
Les sentinelles sont aussi bien des médecins que des botanistes ou des patients allergiques ou de simples observateurs de la nature. Nous pouvons chacun contribuer à l’information et les personnes volontaires sont invitées à s’inscrire et à apporter leur contribution via le réseau Pollin’air (http://www.pollinair.fr/).
Vous souhaitant à tous le meilleur mois de mars possible et dans l’attente de vous retrouver.