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Les rues aux écoles pour améliorer la qualité de l’air

publié le 10/06/2024 | par Fabien Squinazi

Comme le Royaume-Uni, la Belgique et l’Espagne et d’autres pays européens, plusieurs villes de France, dont Lille, Lyon, Rouen, Nantes ou encore Paris, ont développé le concept de rues scolaires ou de rues aux écoles. À Paris, en 2024, 205 rues apaisées concernent la moitié des écoles maternelles et élémentaires, dont 56 sont aménagées et végétalisées.

Il s’agit de réduire la circulation de véhicules motorisés aux abords de l’école, temporairement le matin, à l’heure de la rentrée, et le soir à la sortie des classes, ou en fermant définitivement la rue par des aménagements pérennes. Grâce à ce dispositif, le nombre de véhicules circulant ou stationnant devant les écoles diminue drastiquement. Les rues scolaires sont créées par arrêté municipal et offrent aux enfants et aux parents un meilleur environnement autour des écoles. Elles améliorent la qualité de l’air à proximité des établissements scolaires, réduisent les nuisances sonores et favorisent les mobilités actives, comme la marche, le vélo ou la trottinette. Elles améliorent aussi la sécurité des enfants lors de leurs déplacements jusqu’à l’école et créent de nouveaux espaces de convivialité ou de jeux sécurisés.

Toutefois, cela ne peut pas forcément s’appliquer partout. Par exemple, une rue où il y a beaucoup de transit, une rue dans laquelle il y a une ligne de bus. Et puis, il y a toujours quelques réticences. « Le principal frein est l’inertie des mobilités. Parfois, les élus locaux ont aussi un petit peu peur de brusquer les automobilistes, peur des mécontents. Alors que les études montrent que les parents sont tout à fait favorables à ce type de mesure » (Mathieu Chassignet, ingénieur mobilité, qualité de l’air et transition énergétique à l’ADEME). Un sondage mené à Lille aux abords d’une des écoles qui fait l’objet d’une rue scolaire, montre que 91 % des parents sont favorables au projet. Les automobilistes sont prêts à aller se garer un petit peu plus loin pour emmener leurs enfants à l’école.

Respire et Airgones, en partenariat avec Rincent Air et Pollutrack, ont mené plusieurs campagnes de mesure sur les concentrations en dioxyde d’azote (NO2) et en particules fines (PM2,5). Les campagnes de mesure du NO2 ont eu lieu du 14 au et du 28 juin 2023 et du 21 septembre au 6 octobre 2023 aux abords de 10 établissements scolaires (neuf écoles à Paris et une à Bagnolet). La campagne de mesure des PM2,5 a eu lieu en continu du 14 juin 2023 au 30 avril 2024.

L’état des rues a été classé en quatre catégories dans lesquelles les différents établissements ont été répartis : (1) rues non piétonnisées même après la fin de la deuxième campagne NO2 ; (2) rues déjà piétonnisées avant la première campagne de mesure NO2 ; (3) rue piétonnisées ou apaisées entre les deux campagnes de mesure NO2 et (4) rues en cours de piétonnisation pendant la deuxième campagne de mesure NO2.

Pour les rues déjà piétonnisées (catégorie 2) les mesures en air extérieur au niveau de l’école sont plus basses que celles de la référence de l’ordre de 15%, alors qu’elles étaient similaires pour les rues non piétonnisées (catégorie 1). Pour les rues qui n’étaient pas piétonnes avant la première campagne de mesure du NO2 et qui le sont devenues après la deuxième campagne (catégorie 3), les mesures de NO2 pour l’air à l’intérieur de l’école et pour celles à l’extérieur devant l’école diminuent significativement, avec un abattement (baisse de pollution par rapport à la valeur de la référence) de 10 à 30 % due à la piétonnisation, l’abattement le plus fort étant obtenu pour l’air extérieur. Pour les rues en cours de piétonnisation durant la deuxième campagne (catégorie 4), les mesures de la deuxième campagne et celles de la première campagne sont identiques à ± 7% près.

Les niveaux de pollution aux PM2,5, mesurés en période estivale, sont entre faibles et modérés, et très inférieurs à ceux qui peuvent être détectés en automne ou en hiver. Bien que des différences en valeurs absolues soient présentes, le rapport normalisé entre les courbes demeure constant, avec une valeur moyenne de 1,0 et une incertitude de 7%, quelles que soient les conditions de piétonnisation des rues aux abords des établissements scolaires. Ceci provient du fait que les valeurs de pollution aux PM2,5 sont globalement assez faibles, rendant difficile la mise en évidence d’une tendance. L’effet de la piétonnisation sur les émissions locales de PM2,5 (trafic routier dans les rues concernées) est donc difficilement détectable.

L’étude montre sans ambigüité une basse de NO2 dans le cas des rues devenues piétonnisées, qui peut aller jusqu’à 30%, et montre tout l’intérêt de la piétonnisation des rues aux abords des écoles pour améliorer la qualité de l’air, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur des bâtiments.

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