L’association RESPIRE vient de publier (Le Monde du 29 mars 2019) des données de concentrations de polluants aux abords immédiats des crèches, écoles maternelles et élémentaires, collèges et lycées d’Ile-de-France. Ces données permettent de connaître avec précision, établissement par établissement, les niveaux de pollution de proximité auxquels sont exposés les enfants. Pour établir cette cartographie, l’association RESPIRE s’est appuyée sur les cartes et bilans annuels (de 2012 à 2017) générés par Airparif à partir de ses stations de mesures. Elle les a ensuite superposées avec la localisation des établissements publics et privés accueillant des enfants.
De cette étude, il ressort que les enfants les plus exposés sont les Parisiens. Plus on s’éloigne de la capitale, plus le nombre d’établissements sujets à des dépassements diminue. Pour les PM 2,5 , 91 % des établissements, dont tous ceux situés à Paris, ne respectent pas le seuil de l’OMS fixé à 10 µg/m 3 en moyenne annuelle. La quasi-totalité des établissements parisiens (97 %) dépassement également la limite de l’OMS pour les PM 10 (20 µg/m 3 ) et la moitié à l’échelle de la région. Cette proportion est de 28 % pour le NO 2 à Paris et 6 % au niveau de l’Ile-de-France. Le niveau d’exposition à la pollution est très fortement corrélé à la distance à un axe routier important. Des établissements situés directement sur une rue très passante peuvent ainsi présenter des concentrations supérieures à des établissements implantés à une centaine de mètres du périphérique. Le hiatus entre Paris et le reste de l’Ile-de-France s’explique par cette distance. Selon une étude d’Airparif de 2012 à Paris, près de la moitié des écoles et des crèches se situent entre 50 mètres et 150 mètres d’un axe routier majeur (supérieur à 15 000 véhicules par jour) et seulement 9 % sont localisées à plus de 250 mètres. Au contraire, en grande couronne, la majorité des établissements sont à plus de 250 mètres.
Ces résultats sont à rapprocher de la campagne de mesure de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur dans 301 écoles maternelles et élémentaires de 31 départements (dont 38 en Ile-de- France). Les niveaux de PM 2,5 ont dépassé le seuil de l’OMS dans 93 % des classes, tandis que la valeur guide de 2 µg/m 3 du benzène, autre marqueur de la pollution due au trafic routier, a été dépassée dans 14 % des classes. Dans le cadre de la surveillance de la qualité de l’air dans les écoles et crèches, l’INERIS a relevé que 8 % des 6 851 mesures de benzène, obtenues pour la première année, dépassaient la valeur guide de 2 µg/m 3.
Nos enfants, les plus fragiles et sensibles aux effets de la pollution chronique de l’air,, ne sont pas épargnés : asthme, infections respiratoires, altérations des fonctions pulmonaires, retard cognitif, pathologies neurologiques… des maladies aggravées par les épisodes aigus de pollution qui remplissent les urgences hospitalières.
Mais le visage de Paris est en train de changer pour devenir une ville plus accueillante, respirable, moins bruyante et apaisée : de plus en plus de pistes cyclables (1000 kilomètres d’aménagements d’ici 2020), plus de place pour les piétons et un peu moins pour les voitures. Ce Paris de demain apporte aujourd’hui son lot de chantiers (454 actuellement) et souvent le bruit, la gêne à la circulation, les bouchons, certains véhicules sur les trottoirs (trottinettes, cyclistes, motos)… responsables de nuisances et d’aggravation des pathologies. Souffrir pour être belle !
Fabien Squinazi
Président du collège d’experts