L’épidémie, pour ne pas dire la pandémie, de coronavirus a fait disparaître tous les sujets autres de l’agenda immédiat.
Pour autant, on aurait tort de distinguer les questions liées à cette pandémie des questions environnementales et notamment des questions liées à la pollution atmosphérique. En réalité, les deux sujets se rejoignent à plusieurs égards.
D’abord, c’est une évidence, l’épidémie qui a généré le confinement a fait baisser drastiquement non seulement les émissions de gaz à effet de serre permettant pour la première fois de réduire les émissions de CO2 mais également la pollution de l’air et notamment les Nox. La qualité de l’air à Paris n’a jamais été aussi bonne depuis des dizaines d’années et les images venues de Chine avant et pendant le confinement parlent mieux que de longs discours. Dès lors, pour ceux qui en auraient douté, la preuve est manifeste du lien entre circulation automobile et pollution des villes. Mais la pollution n’est pas la seule.
Le sujet ne s’arrête évidemment pas là. En effet, si les débats font rage sur le point de savoir si le coronavirus peut rester en suspension notamment grâce aux particules fines 2,5 ou pas, et dans l’affirmative quelle est la durée de cette présence, en revanche, il paraît difficilement contestable que des zones polluées sur le plan atmosphérique conduisent à un affaiblissement des défenses immunitaires des populations, en dehors des pathologies bien connus liées à la pollution atmosphérique et pourraient donc influer sur le nombre de personnes souffrant de formes graves de Covid 19.
La preuve n’est pas apportée à ce jour, malgré une étude italienne assez claire, sur le fait que les particules fines sont un vecteur de propagation du coronavirus. Pourtant, dans le même sens, des directions de recherche de l’Inserm considèrent que les PM 10 sont des vecteurs et portent des virus et des pollens et jouent le rôle d’aérosols primaires. Les toutes petites particules secondaires s’agrègent entre elles en emprisonnant les virus dans l’air et constitueraient donc des aérosols secondaires. Si tel est le cas, la pollution de l’air augmenterait le risque de contagion.
Or, on constate malgré la baisse de la pollution liée à la circulation automobile et à l’industrie le maintien d’une pollution très élevée aux particules fines. Ainsi, les PM2,5 se trouvent-elles à un niveau rouge en Île-de-France, en Bretagne, en Normandie et dans le nord de la France le samedi 28 mars et le dimanche 29 mars. Cette carte qui coïncide avec les régions agricoles s’explique par l’importance, en cette période de l’année ,des épandages de lisier qui produisent de l’ammoniac lequel se retrouve dans ces particules.
C’est dans ce contexte qu’a été observé l’importance du nombre de cas constatés en Lombardie dans une des zones les plus polluées d’Europe. Nous n’en sommes bien entendu qu’au début des études et de la polémique, le monde agricole s’offusquant bien entendu que la question des épandages puisse être évoquée. Mais, nul ne peut douter que l’interrogation a minima existe et que le principe de précaution devrait conduire à réduire considérablement les épandages en cette période.
Cette interrogation rejoint le sujet plus large des conséquences d’une pollution atmosphérique chronique sur la santé humaine, au-delà des 48 000 morts par an en France, 500 000 morts en Europe, plusieurs millions dans le monde. Au-delà aussi de l’augmentation de la morbidité lors des épisodes de forte pollution. En l’espèce, la question posée est celle de savoir dans quelle mesure cette pollution chronique a une incidence défenses immunitaires et la capacité de résistance de nos concitoyens à la pandémie. Plusieurs articles sortis dans la presse y compris dans la presse grand publique ont mis en lumière comment cette pollution atmosphérique était « une autoroute » pour la diffusion du COVID 19.
Espérons que cette crise sans précédent que nous vivons permettra de changer radicalement nos choix, nos priorités, nos manières de compter de choisir. Si tel n’était pas le cas, alors on ne peut que craindre le pire car malheureusement, d’autres pandémies peut-être encore plus dramatiques nous attendront.