Le 30 janvier dernier, la Commission européenne a convoqué à Bruxelles neuf pays dont la France pour des dépassements récurrents des seuils réglementaires en particules fines (PM10) et dioxyde d’azote (NO2). Ces pays, sommés d’améliorer la qualité de l’air, sont sous la menace d’un renvoi devant la cour de justice de l’Union européenne. Il existe en France plusieurs zones urbaines (Ile-de-France, Lyon, Nord Pas de Calais, Grenoble, Marseille, Toulon, Nice, vallée de l’Arve, Martinique…) qui sont en contentieux pour la teneur en particules PM10 avec l’Union européenne et dont la demande de report de délai du respect de la valeur limite annuelle ou horaire du NO2 a été refusée. Aujourd’hui, la démonstration est faite des impacts sanitaires, environnementaux et économiques de la dégradation de la qualité de l’air. Les émissions polluantes (polluants individuels et « cocktails » de polluants) sont responsables de maladies cardio-respiratoires ou cérébrales et de cancers, et d’environ 48 000 morts prématurées en France chaque année liées aux particules fines. Tous les secteurs d’activités sont concernés : transports, chauffage – notamment au bois -, industrie, agriculture.
Si l’Etat français agit à plusieurs niveaux, national avec les plans d’action et de réduction des émissions polluantes, régional à travers la vision intégrée des schémas régionaux Climat Air Energie et local avec les plans de protection de l’atmosphère, il n’en demeure pas moins que les collectivités territoriales, les particuliers et l’ensemble des acteurs économiques locaux (artisans, agriculteurs, acteurs de l’aménagement, de l’urbanisme, de la mobilité…) doivent également être sensibilisés à la lutte contre la pollution de l’air. Un exemple symbolique en a été donné à Paris, celui de la fermeture à la circulation automobile, en octobre 2016, de 3 300 mètres de quais sur la rive droite de la Seine. Cette fermeture a conduit à de nombreux débats passionnés, alors que ces voies sur berges ne représentent que 0,16 % du kilométrage francilien. Une goutte d’eau (ou d’air !) pour la circulation automobile parisienne. Mais l’enjeu est beaucoup plus important car les objectifs sont de bannir progressivement dans les villes les véhicules à moteur thermique grâce aux vignettes Crit’Air : d’ici à 2024 pour les diesels, et en 2030 pour les voitures à l’essence.
Nous faisons régulièrement des cadeaux à nos enfants et petits-enfants. Nous pourrions en choisir un, particulièrement emblématique, afin de protéger leur système respiratoire en plein développement : ce serait de changer notre habitude à prendre systématiquement notre voiture. Mais, nous nous ferions également un beau cadeau car l’exposition à la pollution de l’air est encore plus élevée dans les habitacles automobiles. Cependant, il reste à souhaiter que les collectivités mettront, à notre disposition, des modes alternatifs efficaces de déplacement.
Fabien Squinazi, Président du Collège d’experts SEIQA