La guerre aux portes de l’Europe est bouleversante au sens propre du terme. Elle change brutalement la représentation que l’on se fait du monde et les priorités. Brutalement, le covid qui nous accompagne depuis deux ans et demi a disparu des écrans ; la campagne présidentielle devient presque accessoire et les questions géostratégiques et militaires, énergétiques et de dépendance occupent les écrans et les esprits reposant une question majeure que les générations auxquelles nous appartenons n’ont guère eu à se poser : celle de la paix ou de la guerre ;
Cette confrontation brutale à une autre réalité nous renvoie en fait « au vieux monde » dans tous les sens du terme : remise en cause complète de l’équilibre conçu après la deuxième guerre mondiale et après la chute du mur de Berlin, brutalité du plus fort qui se moque bien de la morale, des promesses et des principes des droits humains, violence primaire contre des civils qui n’en peuvent que mais. et, pour ajouter une petite pointe acide, l’occupation de Tchernobyl par les troupes russes et l’augmentation de la radioactivité observée nous renvoie aux accidents nucléaires du XXe siècle et à un nouveau risque de contamination nucléaire.
Cette expérience devrait nous renvoyer à une réflexion plus profonde sur nos priorités. Les questions climatiques qui menacent ( il est vrai à moyen terme même si les effets sont déjà visibles), le vivant dont l’humanité, les questions de santé dont le covid n’a fait que mettre en lumière les insuffisances abyssales, les conditions minimales de vie décente devraient être des priorités dans la définition des politiques publiques « en temps normal ». Or ces sujets majeurs pour la vie de nos concitoyens sont en fait très secondaires voire tertiaires et la politique en règle générale est dominée par des intérêts économiques de court terme. Même si les choix qui en découlent sont catastrophiques y compris pour les mêmes intérêts économiques à moyen long terme, peu importe puisque les responsables ne le sont évidemment plus le jour où il faudra payer l’addition de décisions déraisonnables.
Les bruits de bottes nous renvoient à l’Histoire très précisément la nôtre sur le continent européen ; ils nous renvoient également ce que sont en fait les humains, aux perversions et systèmes non démocratiques et l’histoire qui s’écrit dans le sang.
Alors que nous devrions mettre l’humanité en ordre de bataille pour gagner le défi de sa pérennité, nous sommes renvoyés aux considérations d’une réalité que nous avons peine à accepter mais qui s’impose car elle est matérielle et immédiate. Une fois cet épisode derrière nous, en espérant qu’il dure moins de temps possible avec le moins de victimes possible, le moment sera venu d’admettre qu’il faut mettre la même ardeur à accepter une réalité moins matérielle et moins immédiate mais tout aussi cruelle et à engager les mesures indispensables. Au moins, notre dépendance au gaz et au pétrole et ses conséquences catastrophiques nous ont-elles peut-être fait prendre conscience de la nécessaire sobriété et du passage inéluctable aux énergies renouvelables y compris au Biogaz.