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Point de vue du Président du collège interdisciplinaire SEIQA

Asthme sévère : prendre aussi en charge l’environnement intérieur du patient

publié le 13/02/2019 | par Fabien Squinazi

Environ 7 à 8 % des Français sont touchés par l’asthme. Parmi ces patients, de 5 à 10 % souffrent d’asthme sévère. Ce dernier affecte donc globalement 0,5 % de la population, soit 350 000 personnes. Contrairement aux asthmes légers ou modérés, l’asthme sévère est défini par une absence de contrôle en réponse aux traitements conventionnels inhalés (association d’un corticoïde et de bronchodilatateurs de longue durée d’action, etc.), à posologie maximale malgré un traitement bien pris (suivi, technique d’administration correcte) et une prise en charge des comorbidités associées (allergie, rhinite, rhinosinusite, polypose, dépression, obésité…). L’asthme sévère altère considérablement la qualité de vie et peut être caractérisé par un essoufflement permanent (dyspnée continue) et/ou des exacerbations fréquentes de la maladie. Ces aggravations de l’asthme nécessitant le recours à des traitements supplémentaires ou une hospitalisation surviennent au moins deux fois par an. L’asthme sévère a ainsi de lourdes conséquences pour les patients. Ils sont plus souvent hospitalisés par rapport aux asthmatiques légers et pour 92 % d’entre eux leurs activités quotidiennes, aussi bien personnelles que professionnelles, en sont affectées. Au stade ultime, ils sont en incapacité de travailler.

L’asthme léger ou modéré peut évoluer plus ou moins rapidement vers la sévérité, d’autant que, selon les études, de 60 à 75 % des patients asthmatiques ont un asthme dit « difficile » ou « non contrôlé ». L’objectif est donc d’améliorer le parcours de soins des patients et à standardiser précocement la prise en charge de l’asthme pour qu’elle soit d’emblée optimale. C’est, dans ce cas, que la réduction des pollutions environnementales (éviction des allergènes, maîtrise des sources de pollution, arrêt du tabac, etc.) prend une place fondamentale.

Le diagnostic d’asthme sévère est difficile et demande une période minimale de six mois qui permet de se donner les chances de changer de thérapeutique, de s’assurer de l’observance et de la prise en charge des comorbidités et des pollutions environnementales. En effet, le traitement utilisé pour l’asthme sévère, la corticothérapie orale continue, présente des effets indésirables lourds : ostéoporose, diabète, surpoids, risques cardiovasculaires, cataracte, retard de croissance chez les enfants et sur-risque de mortalité. Pour le Professeur Patrick Bergé, CHU de Bordeaux, les nouvelles biothérapies, réservées aux asthmes sévères et dirigées vers les IgE ou les interleukines, ont montré de façon robuste leur capacité à diminuer la dépendance aux corticoïdes oraux, et donc l’exposition aux risques liée à leur prise prolongée (Grand Angle, Le Monde 26 janvier 2019). Elles contribueront très probablement à améliorer la qualité de vie de ces patients pour qui l’asthme sévère représente au quotidien un véritable fardeau. Toutefois, cet élargissement de l’arsenal thérapeutique soulève également de nombreuses questions : par quel traitement commencer ? Quel est son objectif ? Quand et comment changer de traitement ? Mais aussi, comment améliorer la prise en charge de l’environnement intérieur et la réduction des pollutions environnementales des patients asthmatiques…

Fabien Squinazi
Président du collège d’experts

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