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Complexité du diagnostic des maladies allergiques : Explications pour les patients qui envisagent de consulter un allergologue

publié le 29/04/2015 | par arcaa

L’allergologue dispose de plusieurs moyens de diagnostic : il est important de les utiliser dans un ordre logique

1. Un interrogatoire détaillé

  • selon la règle : « où ? quand ? comment ? pourquoi ? » précisant les circonstances des symptômes, la durée si l’affection est chronique
  • relevant toujours les médicaments associés soit quotidiens soit peu avant le symptôme
  • informant sur l’environnement (habitat, extérieur, style de vie, travail, activités de loisirs, alimentation courante, causes de fatigue ou de stress, séjours en pays étrangers …
  • demandant au patient selon les cas : carnet de santé, courriers médicaux et CR d’imagerie, d’examens biologiques, fiches d’anesthésie, doubles d’ordonnances, photos.
  • relevant les maladies familiales et personnelles (toutes pathologies allergiques et non allergiques)
  • et prêtant attention aux remarques qu’a pu faire le patient dans la vie courante

(si le patient est venu de lui-même, sans avis médical préalable, et que les symptômes ou l’affection ne sont manifestement pas de nature allergique, l’allergologue est en droit de ne faire aucun bilan.)

2. Avoir une claire connaissance des symptômes par l’examen (de la peau, auscultation, examen de la sphère ORL, des conjonctives, ou à l’aide de photos prises par le patient).

3. Les tests cutanés dits « immédiats »

Ils ne peuvent être faits si le patient est sous anti-histaminiques ! Ils sont interprétables au bout de 15-20 minutes

  • s’ils sont positifs ils témoignent d’une sensibilisation c’est-à-dire d’une réponse immunologique. Autrement dit : ils confirment un diagnostic clinique, ils ne prédisent pas les possibles futures allergies.
  • S’ils sont négatifs : si on recherche une allergie à un médicament, ils ne permettent pas d’éliminer une allergie. S’il s’agit de tests aux allergènes aériens ou alimentaires, ils représentent « un instantané ». Ils ne permettent pas d’assurer que la situation sera toujours la même : le sujet peut se sensibiliser ultérieurement. Ils doivent être refaits un an après si les symptômes persistent, surtout chez les enfants.

4.  Les examens complémentaires

  • Une exploration fonctionnelle respiratoire (mesure du souffle) sera réalisée chez tous les patients asthmatiques et présentant une rhinite pour dépister un asthme débutant.
  • Des tests biologiques peuvent être nécessaires pour confirmer un diagnostic douteux, ou avant d’envisager une immunothérapie spécifique (désensibilisation). Ils permettent de doser les anticorps de l’allergie (les Ig E) circulant dans le sang. Ils ne doivent réalisés qu’après les tests cutanés.

Ils nécessitent une interprétation rigoureuse en fonction des autres éléments à la disposition du médecin allergologue. Ces tests sont sans objet pour certaines allergies : les allergies de contact pour lesquelles seuls des tests cutanés particuliers (patch tests et patch tests d’atopie) feront le diagnostic. Leur interprétation est réalisée au bout de 48h à 96h.

  • Parfois d’autres examens sont nécessaires : radiographies des poumons, voire scanner thoracique, scanner des sinus, examen de la sphère ORL par naso-fibroscopie..
  • Un problème particulier les dosages  des Ig G spécifiques aux aliments.

Ces tests, prescrits par des médecins non allergologues, sont sans aucun intérêt. En effet ils promettent par une simple prise de sang de détecter des « intolérances à plus de 150 aliments » par le dosage des Ig G , celles-ci sont des anticorps normaux, retrouvés chez tout le monde, et n’ont rien à voir ni avec une intolérance ni encore moins avec un allergie alimentaire. Ils ont par ailleurs un coût élevé et aucun remboursement par l’assurance maladie. Si on vous propose ce genre de tests, FUYEZ ! C’est juste une arnaque.

5. Tests d’exposition aérienne ou conjonctivale ou nasale (allergènes aériens, certains allergènes professionnels) ou par voie orale (aliments)

Ces tests ne sont envisagés que lorsque la sensibilisation est établie à un allergène mais que la relation avec les symptômes n’est pas certaine, ou bien mérite d’être affirmée (certaines allergies professionnelles) ou bien quand il est utile, dans une allergie alimentaire, d’évaluer le seuil (la quantité réactive)  ce qui oriente les conseils d’éviction alimentaire , par exemple tolérance des traces ou non.

6. Suivi évolutif

Un certain nombre de maladies allergiques (respiratoires, alimentaires…) sont chroniques. Elles méritent un suivi évolutif et un contrôle de l’efficacité du traitement institué et des conseils prodigués. Selon les cas, le suivi est annuel, ou bisannuel, ou plus fréquent. La consultation de contrôle permet d’évaluer l’état clinique du patient, les bénéfices du traitement, de vérifier la fonction respiratoire ou les tests cutanés etc..

7. Education thérapeutique

Dans de nombreuses affections allergiques (asthme allergique, allergies alimentaires), une éducation thérapeutique est préconisée. Outre celle qui est faite au cours des consultations les patients doivent savoir qu’il existe dans de nombreux Centres Hospitalo-Universitaires des « Ecoles de l’atopie » (ou des « Ecoles de l’asthme ») particulièrement utiles pour les familles d’enfants allergiques alimentaires ou/et asthmatiques. Les pharmaciens (montrant le fonctionnement des dispositifs pour médicaments inhalés, la façon de se servir des auto-injecteurs d’adrénaline), les associations de patients allergiques, apportent leur concours. Le but est toujours de maitriser la maladie et de rendre le patient autonome autant que possible.

8. Documents utiles remis par l’allergologue

  • Projet d’accueil individualisé en milieu scolaire et trousse d’urgence
  • Protocole de soins d’urgence et trousse d’urgence
  • Prescription d’une « désensibilisation » et schéma thérapeutique choisi
  • Carte d’allergie (surtout utile en cas d’allergie médicamenteuse) mentionnant les évictions et les médicaments substitutifs proposés
  • Signalement au SAMU de patients à haut risque de réaction immédiate sérieuse
  • Double du Compte-Rendu adressé au médecin traitant

La médecine moderne est la médecine des 4 P : Participative (reposant sur l’échange d’informations entre patient et allergologue), Préventive (nécessitant une éducation thérapeutique) Personnalisée, et finalement Prédictive (dans l’idéal mais les biomarqueurs ne sont pas encore identifiés sauf dans quelques cas bien ciblés, mais seront certainement une voie d’avenir).

 

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