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L'ingrédient du mois

Kaki, plaquemine, figue caque… quels sont les allergènes ?

publié le 06/11/2023 | par François Lavaud

Fruit du plaqueminier (Diospyros kaki, famille des Ebénacées) et cultivé depuis le néolithique en Chine, le kaki, encore appelé plaquemine de Chine ou plaquemine du Japon, ou encore figue caque, est connu en occident depuis le XVIIème siècle mais sa consommation en France est beaucoup plus récente, datant de la fin du XIXème siècle. En fait, ce fruit est surtout apprécié en Chine au Japon et en Corée alors qu’en Europe le marché reste marginal même s’il est en expansion depuis une décennie. Le kaki n’est disponible qu’en fin d’année et il reste un fruit de fête comme les litchis. Il est cultivé en Chine qui en est le premier producteur avec 3, 356 millions de tonnes en 2018 mais aussi au Brésil, aux USA, au Japon, en Corée, en Espagne et en Italie et il commence à être exploité dans le Midi de la France. C’est un joli fruit, de couleur orangé et à peau lisse, au gout sucré et parfumé, ressemblant à une tomate. Il en existe de nombreux cultivars et il bénéficie depuis 2002 dans la région de Valence d’une AOP européenne. Sa consommation reste faible en France car c’est un fruit fragile qui supporte mal le transport et pourrit facilement une fois qu’il est bien mûr. Or il n’est apprécié qu’à sa maturité où il perd l’astringence des fruits verts. Pour pallier ce problème on le traite après récolte au dioxyde de carbone. Le fruit ainsi traité prend le nom de Persimon (Persimmon est sa dénomination anglaise). Il conserve alors ses arômes sucrés et sa fermeté et on peut le consommer comme une pomme sans attendre qu’il ramollisse pour devenir sucré. D’autres espèces du genre Diospyros sont consommées aux USA, notamment le fruit du plaqueminier de Virginie (D. virginiana) qui entre dans la confection de puddings lors de repas festifs en Indiana et en Virginie. On a par ailleurs noté que sa forte consommation en automne sous forme verte et très astringente était associée à une augmentation saisonnière de la fréquence des accidents digestifs.

C’est un fruit riche en glucides, fructose et glucose (15 grammes pour 100 grammes), polyphénols dont des flavanols et des tanins condensés qui sont responsables de l’astringence. Il contient des fibres, celluloses et hémicelluloses, des caroténoïdes du potassium, du calcium du phosphore, du fer et de la vitamine C ; il est énergétique et fournit autour de 70 kilocalories pour 100 grammes. A noter qu’on ignore si les pépins sont comestibles et il vaut mieux ne pas les consommer.

Pour l’allergologue le kaki ne fait pas partie des allergènes végétaux les plus courants et peu de cas de réactions allergiques ou anaphylactiques sont publiés. Du reste sa famille, les Ebénacées, n’est pas connue comme source de composants allergéniques spécifiques.

Cependant quelques réactions allergiques à type de syndrome oral et parfois de symptômes anaphylactiques modérément sévères ont conduit à la recherche des allergènes en cause. En 2001 des auteurs suisses ont mis en évidence la réactivité à des déterminants carbohydrates réactifs chez 3 patients et à la profiline chez l’un d’entre eux (1). Puis en 2005 on s’est orienté vers un profil de réactivité « Bet v1 » avec mise en évidence de réactions croisées entre les allergènes du kaki et les allergènes du pollen de bouleau Bet v1, Bet v2 et Bet v6. On restait là avec des allergènes « gentils » comme on peut le voir avec les fruits de la famille des rosacées et la responsabilité des déterminants carbohydrates n’est pas démontrée dans les réactions cliniques, la profiline étant peu impliquée dans l’anaphylaxie. Mais tout dernièrement deux nouveaux allergènes potentiellement plus dangereux ont été identifiés dans le kaki, une chitinase et une thaumatin-like protéine (2), composants également présents dans le kiwi. De ce fait le kaki passe au rang des sources allergéniques à risques de réactions anaphylactiques sévères et il doit être surveillé. Ceci doit être rapproché d’une étude thaïlandaise qui montre que chez 133 patients allergiques à la banane, 83,5% étaient cliniquement réactifs au kiwi mais 58,8% l’étaient également pour le kaki (3).

Références :
1-Aniker MD., et al. Allergy caused by ingestion of persimmon (Diospyros kaki) : detection of specific IgE and cross-reactivity to profilin and carbohydrate déterminants. J Allergy Clin Immunol 2001 ;107 :18-23.
2-Betancor D., et al. Allergy to persimmon (Diospyros kaki). A chitinase and thaumatin-like protein : 2 newly identified allergens. J Investig Allergol Clin Immunol 2023 ;33 :412-4.
3-Julanon N., et al. Not just a banana : the extend of fruit cross-reactivity and reaction severity in adults with banana allergy. Foods 2023 ;12 :2456.

 

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