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La noix de coco, un allergène alimentaire et cosmétique

publié le 10/10/2022 | par François Lavaud

La noix de coco est le fruit du cocotier (Cocos nucifera), un palmier de la famille des Arécacées originaire de la Malaisie et acclimaté dans les pays tropicaux. Il est abondant en Indonésie, Inde et Philippines. La production mondiale de noix de coco était de plus de 53 000 tonnes en 2004 et elle est croissante. Son utilisation est multiple. L’eau de la noix de coco est consommée comme boisson rafraichissante. Elle entre dans la composition de vinaigres ou sous forme fermentée de nata de coco, gélatine utilisée dans des desserts. Le lait est utilisé comme sauce pour différents plats (poissons, riz, porc, pot au feu, plats indiens au curry, bouillies) et en mélange avec des jus de légumes. La pulpe s’utilise râpée dans des sauces au curry en accompagnement de différents plats exotiques à base de poisson, poulet ou agneau. Grillée ou fraiche c’est un ingrédient fréquemment utilisé dans la composition de pâtisseries, de glaces ou de confiseries, tout comme la poudre de coco.

Le vin de palme est obtenu par fermentation naturelle de la sève du cocotier ou d’autres palmiers.

L’huile de coco est consommée directement ou entre dans la composition de graisses végétales et de margarine. L’huile de coprah est obtenue par raffinage industriel de l’albumen séché de la noix de coco. C’est une huile végétale employée comme graisse à frire. Sous forme de tourteaux Les résidus obtenus par sa fabrication entrent dans la composition d’aliments pour animaux. Cependant sa fréquente contamination par l’aflatoxine a conduit à son interdiction à cet usage par l’Union Européenne.

Les fibres de coco, sous-produit de la noix de coco, sont utilisées en brosserie, pour la confection de tapis et de ficelles, horticulture, sellerie, isolation ou pour combustible.

En cosmétologie, l’huile de coprah raffinée est mélangée à la fleur de Tiaré pour la fabrication du monoï. L’huile de coco vierge ou raffinée entre dans la composition de savons, de produits capillaires, de dentifrices, voire de topiques médicamenteux. C’est un émollient à propriétés adoucissantes et réparatrices avec des propriétés relipidantes. Elle est utilisée pour massage et produit hydratant ou comme topique protecteur pour les UV. Le lait de coco est aussi utilisé pour des effets apaisants et hydratants. On utilise également la noix de coco en eau de toilette ou pour gommages.

Pour l’allergologue les risques de réactions allergiques sont donc d’ordre alimentaire ou cutané. Comme l’écrit Guy Dutau dans le dernier numéro de la revue française d’allergologie « la noix de coco va-t-elle devenir plus qu’un allergène émergent ?» (1). Cet éditorial reprenant les données apportées par Anne Christel de Ménibus et al dans la même revue (2). Ainsi il apparait que les symptômes d’allergie alimentaire vont du syndrome oral à l’anaphylaxie sévère, que les usagers de topiques à base de noix de coco développent plus souvent des allergies alimentaires (p=0,02), que les patients d’origine africaine ou asiatique avaient des risques plus élevés et que les cosensibilisations avec les noix d’arbres sont fréquentes, notamment avec la noix de macadamia. L’étude de Kruse et al sur 275 patients allergiques à la noix de coco donne des valeurs seuils où le diagnostic d’allergie alimentaire à la noix de coco est confirmé, 9 mm pour les prick-tests et 58 Ku/l pour le dosage des IgE spécifiques (3). Les allergènes identifiés sont des protéines de stockage dont deux 7S vicilines (Coc n 2), et une globuline 11S appelé Cocosine (Coc n 4).

La noix de coco est l’allergène alimentaire le plus communément présent dans les produits cosmétiques et 75% des shampoings en contiennent. La diéthanolamide (cocamide DEA) est responsable de dermatoses de contact en cosmétologie et aussi en dentisterie où ce produit entre dans la composition de résines acryliques dont il accélère la polymérisation.

La noix de coco est plus qu’un allergène émergent du fait des nombreuses réactions allergiques maintenant publiées. Cet allergène doit être exploré dans les allergies alimentaires et les dermatoses de contact.

1-Dutau G,  et al. La noix de coco va-t-elle devenir plus qu’un allergène émergent ? REv Fr Allergol 2022, sous presse.

2- de Menibus AC. et al. Allergie à la noix de coco, deux cas pédiatriques d’anaphylaxie sévère. Rev Fr Allergol 2022, sous presse.

3- De Groot AC, et al . Contact allergy to cocamide DEA and lauramide DEA in shampoos. Contact Dermzatitis 1987 ;16 :117-8.

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