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La plus grande menace pour la santé publique mondial

publié le 12/09/2023 | par Corinne Lepage

Un rapport publié par l’institut de politique énergétique de Chicago à la fin du mois d’août devrait attirer l’attention des médecins mais également de tous nos concitoyens. Ce sera pour la pollution aux particules fines particulièrement forte en Afrique et en Asie représente « la plus grande menace pour la santé publique mondial ». Les conséquences en termes sanitaires sont bien connues : pathologies pulmonaires, multiplication des cancers notamment des voies aériennes, risques cardiaques et maladies cardiovasculaires.

Respecter le seuil d’exposition aux particules fines fixées par l’organisation mondiale de la santé permettrait d’augmenter l’espérance de vie mondiale de plus de deux ans. C’est davantage que la réduction de la consommation de tabac ou d’alcool. Le niveau recommandé par l’OMS et de 5 µg par mètre cube. Il est 226 µg à New Delhi, 74 au Bangladesh et malgré une réduction de près de 50 % de la pollution de l’air en Chine, le niveau est encore six fois supérieur par mètre cube au seuil recommandé par l’OMS. Le niveau réglementaire européen et français est très supérieur à la norme recommandée par l’OMS puisqu’il s’agit de 20 µg par mètre cube et ce niveau est dépassé lors de pics de pollution.

Pourtant, les moyens mis pour lutter contre la pollution de l’air restent largement insuffisants au niveau national comme au niveau international. L’étude précise en effet qu’il n’existe aucun dispositif international pour lutter contre la pollution de l’air alors même que celle-ci réduit la durée de vie dans certains pays d’Afrique de l’Ouest bien davantage que le VIH ou le paludisme.

La situation est d’autant plus préoccupante que les méga feux qui se développent en raison du réchauffement climatique constituent des réservoirs très puissants d’émission de particules fines ainsi en Californie en 2021 la pollution atmosphérique a dépassé de l’ordre de cinq fois la limite de l’OMS à la suite des feux qui se sont développés. Et que dire de ce que sera la situation canadienne après les épisodes du printemps et de l’été.

Dans notre pays, qui a été condamné à plusieurs reprises tant par la juridiction française que par la juridiction européenne pour le non-respect des normes – dont ils convient de rappeler quels sont beaucoup plus élevés que celles recommandées par l’OMS –, des efforts modestes sont accomplis mais le sujet n’est pas pris en compte à sa juste valeur. 40 000 de nos concitoyens décèdent chaque année du fait de la pollution de l’air, auxquelles s’ajoutent les centaines de milliers de personnes souffrant de maladies liées à la pollution de l’air.

Il va de soi que les épisodes caniculaires dont les effets sur les systèmes pulmonaires et cardiaques sont délétères vont encore aggraver la situation même si la pollution d’été est davantage une pollution à l’ozone qu’aux particules fines.

Dès lors, ce sujet devient un sujet de santé publique majeur dont nous devons tous nous emparer à la fois pour contribuer à en réduire la cause mais aussi à s’adapter pour en diminuer les effets.

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