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La tribune de Corinne Lepage

La politique du déni a de beaux jours devant elle

publié le 06/11/2023 | par Corinne Lepage

Un grand nombre de revues médicales de premier plan (the Lancet, british medical Journal notamment) ont publié un appel commun destiné à l’OMS pour demander que le changement climatique et la perte de biodiversité soient vus comme seule et même crise nuisant gravement à la santé humaine. Les exemples ne manquent à : pollution dégradant la qualité de l’eau et par voie de conséquence augmentant le nombre de maladies transmises par cette voie, changements d’utilisation des sols rapprochant espèces sauvages et espaces domestiques multipliant les zoonoses et donc les pandémies, acidification des océans réduisant la qualité la quantité des produits dans la mer etc. « ce sera seulement en considérant le climat et la biodiversité comme faisant partie intégrante des mêmes problèmes complexes que nous pourrons développer des solutions permettant de s’adapter pour maximiser un dénouement positif ».

Le récent colloque de l’ARCAA consacré à ce sujet était donc particulièrement bienvenu et le sujet devrait être abordé à la COP 28. Néanmoins, les choix politiques qui sont faits aujourd’hui, dans la réalité et non dans la communication, sont malheureusement encore fondés sur le déni de leur impact sanitaire. A titre d’exemple, la réautorisation du glyphosate, produit pour lequel il ne se passe pas une semaine sans qu’une nouvelle étude ne vienne souligner la toxicité ou encore l’abandon de la modification du règlement Reach alors même que la pollution chimique est un des principaux fléaux sur le plan des pathologies de toute nature, ou encore l’absence d’investissements solides dans les alternatives aux pesticides traduisent autant de choix qui se font délibérément contre la santé humaine et on pourrait même dire contre le bon sens. Sans doute, la montée en puissance du sujet biodiversité est un bon point. Mais, on ne peut que s’étonner que la santé humaine reste un parent pauvre, comme si le principe de précaution ne s’usait que si l’on s’en servait et si le principe de prévention avait disparu des radars.

Combien de temps encore allons-nous nous aveugler ?

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