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Lactones sesquiterpéniques : du rôle de la plante en peau !

publié le 12/03/2024 | par Jean-François Fontaine

Il a été statistiquement démontré que le risque d’affections dermatologiques liées au contact avec des plantes augmente en Europe comme aux Etats Unis [1]. Cette constatation s’intègre dans un contexte d’expositions diverses, par manipulation professionnelle ou domestique, mais aussi par l’utilisation de plus en plus populaire de produits cosmétiques à base d’extraits végétaux, d’huiles de massage ou d’extraits aromatiques.

Parmi les végétaux potentiellement impliqués figurent ceux de la très grande famille botanique des Astéracées (encore appelées Composées), qui compte plusieurs milliers d’espèces. Certaines sont cultivées et consommées, comme la laitue, l’endive, l’artichaut, la chicorée ou le tournesol, ont une fonction ornementale comme le dahlia ou le chrysanthème, ou sont employées à visée thérapeutique ou en infusions comme l’arnica, la camomille, le souci, l’échinacée, l’achillée millefeuille, la tanaisie ou la grande bardane. L’armoise et l’ambroisie, responsables de pollinoses, appartiennent aussi à ce grand groupe de végétaux.

Au-delà des allergies immédiates respiratoires ou alimentaires connues et impliquant une sensibilisation à certaines protéines identifiées, des dermites irritatives, des eczémas de contact et/ou des manifestations allergiques systémiques de contact sont également décrites.

Si les astéracées sont extrêmement nombreuses elles ont en effet en commun la production de métabolites comme des polyphénols, des flavonoïdes, et surtout des lactones sesquiterpéniques qui sont les principales responsables des allergies de contact observées [1]. Il s’agit essentiellement d’eczéma après manipulation des végétaux, mais la question se pose parfois de manifestations cliniques d’allergie alimentaire comme évoqué dans quelques cas de réactivation de lésions cutanées après ingestion d’infusions d’achillée millefeuille, de camomille ou de pissenlit, après la survenue d’une chéilite et/ou d’un eczéma péri-oral à la consommation de laitue, ou encore au vu d’éruptions cutanées systémiques rapportées à l’ingestion de feuille de laurier chez des patients sensibilisés aux lactones sesquiterpéniques [2].

Bien que les cas rapportés apparaissent rares, notamment au regard de l’importance de la consommation de laitue ou de camomille dans le monde, il existe suffisamment d’arguments pour confirmer l’existence d’éruptions cutanées allergiques systémiques liées aux lactones sesquiterpéniques.

L’usage croissant de produits cosmétiques ou de bien être à base de végétaux, dont des Astéracées, invite à s’y intéresser, et à penser à la possibilité de voir associées une allergie de contact et une allergie alimentaire.

Références :
[1] Denisow-Pietrzyk M, et al. Asteraceae species as potential environmental factors of allergy. Environmental Science and Pollution Research 2019; 26:6290–6300.
[2] Paulsen E. Systemic allergic dermatitis caused by sesquiterpene lactones. Contact Dermatitis 2016. doi:10.1111/cod.12671

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