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L’actualité de ce mois continue d’être… pollinique. Alors, à vos mouchoirs !

publié le 05/03/2023 | par Delphine Prince

Ou pas ! Car à la condition d’être identifiée, la pollinose se traite.

Nous ne sommes que mi-mars et déjà les pollens nous accompagnent depuis 2 mois. Bétulacées avec l’aulne et le noisetier relayés par le bouleau au nord, cyprès au sud, l’exposition aux pollens est responsables de signes variés et gênants chez nos patients.

La réaction allergique est le détournement d’une réponse immunitaire normale destinée à nous protéger des agresseurs, virus, bactéries et parasites pathogènes pour les empêcher de se développer dans l’organisme. Chez les allergiques, le système immunitaire réagit de manière inappropriée en synthétisants des anticorps de la famille des IgE, contre des protéines d’éléments inoffensifs de l’environnement.

Lorsque la personne sensibilisée rencontre son allergène, c’est le clash, avec une réaction de défense inopportune qui conduit à la libération par nos cellules de grandes quantités de substances telles que l’histamine, les prostaglandines et les leucotriènes. Apparaissent alors des réactions aigues, parfois explosives suivie, avec l’emballement du système immunitaire d’une inflammation chronique.

Les  symptômes de l’allergie pollinique touchent les tissus au contact de l’extérieur.

Les yeux : la conjonctivite allergique fréquente en saison pollinique peut être particulièrement intense et handicapante avec des picotements oculaires, une sensibilité à la lumière, un larmoiement. Elle est très souvent accompagnée d’un œdème (yeux gonflés).

Les voies respiratoires hautes : écoulement nasal avec un impact comptabilisé par nos patients en nombres de paquets de mouchoirs utilisés quotidiennement, éternuements en salves, nez bouché, nez et gorge qui grattent. La rhinite allergique, certes non mortelle, a un souvent un grand impact sur le quotidien des personnes atteintes et elle est responsable de troubles du sommeil, de réduction des activités diurnes, de difficultés de concentration (pas facile, pour nos jeunes, à l’approche des examens).

Les voies respiratoires basses, avec l’asthme qui se manifeste par des épisodes de gêne respiratoire, une toux persistante, une respiration sifflante, maladie, il est important  le rappeler encore mortelle de nos jours.

Selon que l’allergie concernent une ou plusieurs familles polliniques, ces signes vont durer de quelques semaines à plusieurs mois. Il ne cessent pas toujours immédiatement après l’exposition car l’inflammation devenue chronique après une exposition longue ou répétée peut mettre plusieurs semaines à s’apaiser, en particulier si elle n’est pas traitée.

L’allergie pollinique perturbe toujours et encore la qualité de vie de nos patients obligés de restreindre leurs activités extérieures. Et nombre d’entre eux nous confient attendre la fin du printemps avec grande hâte pour enfin mettre le nez dehors.

Faut-il alors, comme Marcel Proust, qui souffrait de terribles crises d’asthme au printemps, depuis son enfance, vivre confiné ? 

Sans atteindre le jusqu’au boutisme du confinement fenêtre fermée, qui de plus nous expose aux allergènes et polluants intérieurs, quelques précautions sont nécessaires : 

Garder les fenêtres fermées

Aérer le domicile tôt le matin et tard le soir, aux heures de moindre pollinisation

Eviter de faire sécher les draps en extérieur (même si c’est tentant lorsqu’il fait beau) car le pollen se dépose sur le linge humide.

Eviter la tonte ou la proximité de la tonte si vous êtes sensible aux pollens de graminées

Porter un masque (eh oui, le masque protège aussi de cela) et de lunettes que vous nettoierez bien le soir

Vous doucher le soir et éviter de ressortir ensuite

Les progrès dans la compréhension de la maladie, depuis l’époque de Marcel Proust que même son papa médecin peinait à soulager, ont conduits à des progrès dans les traitements médicamenteux et il est maintenant possible de soulager quasi parfaitement les signes de l’allergie pollinique, y compris les plus sévères. La limitation restant ici le sous diagnostic et le retard du recours à ces traitements.

Antihistaminiques (qui bloquent les effets de l’histamine), corticoïdes locaux (administrés par voie nasale dans la rhinoconjonctivite ou inhalés dans l’asthme), antileucotriènes qui bloquent les mécanismes plus tardifs de l’inflammation,  bronchodilatateurs qui permettent la relaxation du muscle bronchique, la médecine a maintenant à sa disposition tout une panoplie de traitements grâce auxquels le patient allergique correctement diagnostiqué pourra avoir une vie normale, à la condition qu’ils soient prescrits rapidement par l’allergologue ou par le médecin traitant.

Au cas où ces traitements seraient insuffisamment efficaces, la désensibilisation ou immunothérapie allergénique, méthode de traitement qui vise, en exposant quotidiennement le patient  à une petite dose de l’allergène par la voie sublinguale à rétablir une tolérance normale est une option qui pourra être envisagée par votre allergologue.

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