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Le dérèglement climatique est aussi l’affaire du monde médical

publié le 13/06/2023 | par Corinne Lepage

L’impact du dérèglement climatique sur la santé humaine est un sujet qui va prendre une importance croissante bien au-delà de la question de la chaleur et des épisodes de canicule dont les effets délétères notamment sur les personnes âgées mais aussi les personnes qui souffrent de troubles cardiologiques et respiratoires, sont bien connus.

Tout d’abord, l’augmentation de la température jointe à une forte humidité rend la vie humaine impossible. Deux zones sont déjà devenues inhabitables sur la planète et ce n’est malheureusement qu’un début. À plus de 50° et sans possibilité de transpirer, le corps humain ne résiste pas.
Sans aller dans ces cas extrêmes, les scénarios qui sont aujourd’hui proposés pour notre pays soient plus de 4° d’augmentation de la température (nous sommes déjà à 2° dans les villes françaises et en montagne) sont plus qu’alarmants. La présentation par la Ville de Paris, du premier plan bioclimatique et en harmonie avec les objectifs de l’accord de Paris, a au moins le mérite de poser concrètement les problèmes et d’envisager des solutions notamment pour recréer des espaces végétalisés permettant des îlots de fraîcheur dans des espaces urbains qui pourraient être confrontés à des températures allant jusqu’à 50°.

D’ores et déjà, les effets du dérèglement climatique se font sentir au regard des changements dans la pollinisation, plus précoce et avec des impacts plus puissants. Les résultats sur les asthmatiques et de manière plus large sur toutes les personnes sensibles aux pollens sont évidents : yeux qui pleurent qui piquent, rhinites, migraines etc.

Mais nous ne sommes qu’au début des problèmes. En effet, le réchauffement planétaire s’accompagne d’une pollution exponentielle dont les effets sont encore largement inconnus. Le refus de s’attaquer aux effets cocktail des produits chimiques en particulier des pesticides nous a conduit dans une spirale infernale. Puisque nous ne savons pas – car nous ne voulons pas savoir – les effets sanitaires et environnementaux des mélanges, nous continuons car même quand nous savons, comme pour le glyphosate , nous continuons quand même. Les révélations faites dans la presse internationale cette semaine sur la dissimulation par l’agrochimie des effets pathologiques notamment sur le cerveau des enfants de certaines molécules démontrent un phénomène analogue à celui qui s’est produit pour le tabac et qui a causé les millions de cancers du poumon que nous déplorons. La pollution des océans par le plastique, microparticules qui se retrouvent dans la faune marine et donc dans la chaîne alimentaire, la présence de pesticides dans les sols révélés par une étude publiée cette semaine (98 % des sols étudiés étaient pollués) tout ceci démontre une pollution généralisée du vivant humain et non humain. La question posée est celle de savoir quel sera l’impact du changement climatique sur cette situation déjà très dégradée .

Enfin, le changement de bol alimentaire imposé à la fois par la nécessité de réduire la consommation de produits carnés, de s’orienter vers des céréales moins consommatrices d’eau, voire de mettre en péril la consommation de fruits ou légumes consommateurs d’eau aura bien entendu des incidences sur la santé humaine.

Il est donc urgent que le monde médical s’empare du sujet et devienne un acteur à part entière de la grande transformation dans laquelle nous sommes entrés.

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