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Vous n’êtes pas allergique à la poussière, vous êtes allergique aux acariens

publié le 18/10/2013 | par arcaa

Docteur Isabelle Bossé, médecin allergologue et présidente de l’ARCAA (Association de Recherche Clinique en Allergologie et Asthmologie) et du SYFAL (Syndicat Français des Allergologues)

Les maladies allergiques, en particulier respiratoires (rhinite, asthme) sont très fréquemment dues à une allergie aux acariens. Elles se manifestent plus facilement en fin d’été et début d’automne, mais les acariens peuvent sévir toute l’année sous les climats tempérés. 30 % de la population de ces contrées sont sensibilisés aux allergènes d’acariens.

Qui sont les acariens ? il en existe 50 000 espèces, dont les acariens dits domestiques qui contaminent la poussière de maison. Ce sont des acariens dits «  pyroglyphides » qui nous concernent le plus dans nos régions humides et tempérées. En effet, ils requièrent pour se développer des conditions de température  (de moins 15 à plus 40 °), d’humidité (60 à 80 % d’humidité relative) et une nourriture faite de squames cutanées, de moisissures, de résidus alimentaires.., toutes conditions réunies sous nos latitudes.

Ce qui est encore parfois appelé « poussière de maison » contient en fait des acariens (surtout leurs déjections), des squames humaines et animales, des débris végétaux, alimentaires etc..parler  d’allergie à la poussière de maison est une mauvaise terminologie, on doit parler d’allergie aux acariens.

Les plus impliqués dans les maladies allergiques de par leur fréquence sont : dermatophagoïdes pteronyssinus, euroglyphus maynei , dermatophagoïdes farinae, dermatophagoïdes microceras.

Ce sont des arthropodes (araignées) d’une taille de 250 µm, vivant sur des supports tels les tapis, moquettes, canapés, matelas.  Leur développement est optimal entre 26 et 32 °, ce qui explique leur présence en quantités variables, en fonction de la saison, du chauffage etc..

L’humidité est un facteur capital dans leur survie, ils ne possèdent pas d’organe assurant leur apport en eau, ils la captent donc dans leur milieu environnant. Par ailleurs, ils ont besoin de moisissures comme substrat nutritif, qui se développent beaucoup plus facilement en milieu humide.

Les particules allergènes des acariens sont identifiées depuis une vingtaine d’années,  on en dénombre plus de 20. La majorité sont des enzymes digestives que l’on retrouve dans les déjections, petites pelotes de 20 µm, à peu près la même taille qu’un grain de pollen. Leur petite taille leur permet de pénétrer l’arbre respiratoire et de provoquer les symptômes allergiques.

Les symptômes sont la rhinite (éternuements, nez qui coule, nez bouché) et/ ou l’asthme (oppression du thorax, sensation d’étouffement, toux, respiration sifflante). Les acariens peuvent également être responsables de symptômes moins « habituels » : infections respiratoires hautes et basses à répétition chez l’enfant, dermatite allergique.

Le diagnostic est posé sur l’interrogatoire minutieux du patient, sur son environnement, et grâce à des tests cutanés, indolores pratiqués chez un allergologue. Il pourra s’aider si nécessaire de tests biologiques par prise de sang.

Le traitement de la rhinite et/ou de l’asthme aux acariens est identique à celui des autres allergies respiratoires : traitement médicamenteux (anti histaminiques, gouttes nasales, oculaires, sprays pour l’asthme bronchodilatateurs et corticoïdes), et dans les cas qui le justifient, par désensibilisation ou Immunothérapie Spécifique ou Allergénique. Celle-ci consiste à « rééquilibrer » le système immunitaire, qui chez le patient allergique fonctionne de manière exagérée. Il faut pour cela en moyenne 3 ans. L’ITS peut être administrée sous forme de petites injections sous-cutanées, ou de gouttes sublinguales. Des comprimés sont en cours de développement.

Il est bien évident que pour donner toutes ses chances aux traitements de soulager, voire de guérir l’allergie, le patient doit entreprendre de minimiser les sources d’allergènes dans son environnement. Pour cela, il faut limiter les « nids à poussière », coussins, peluches etc..même si la présence de ces objets en petit nombre impacte peu sur la quantité d’allergènes d’acariens présents dans la literie, à condition de les entretenir régulièrement et correctement.  Les matelas seront de préférence en mousse type Bultex, et changés tous les 10 ans. L’aération doit être quotidienne de 20 minutes, le chauffage limité à 18° dans les chambres, l’hygrométrie contrôlée, la présence d’animaux domestiques évitée dans les chambres.

Toutes ces mesures s’accompagnent d’un entretien régulier, aspiration (aspirateur muni d’un filtre HEPA 12 ou 14), nettoyage des surfaces avec un chiffon humide, lavage des textiles à 60 ° si possible toutes les semaines (y compris les peluches), renouvellement régulier des oreillers…

Il ne faut pas négliger tout ce qui conduit à assainir l’air intérieur : pas de tabagisme, pas d’utilisations de bougies parfumées, encens, produits désodorisants etc.., il existe également des purificateurs d’air, mais on veillera à ce qu’il soit conforme et n’émette pas de produits irritants.

Cette rhinite allergique chronique, qui peut paraître banale, est en fait dès que les symptômes s’installent durablement une gêne quotidienne qui impacte sur la vie des patients : fatigue, troubles de la concentration, irritabilité, sont également les effets de cette pathologie.

Par ailleurs le risque d’évolution vers l’asthme concerne 1 personne souffrant de rhinite sur 3, il est donc indispensable de prendre cette pathologie en charge dès que les symptômes deviennent persistants et sévères.

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