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« Les soins cutanés de la naissance à l’âge d’un an ! »

publié le 04/03/2016 | par arcaa

La peau a un rôle fondamental de barrière cutanée. Cette fonction de la peau se développe in utéro mais se complète après la naissance, pour être achevé vers l’âge d’un an. C’est pourquoi il est nécessaire d’apporter à un jeune enfant des soins cutanés adaptés à cette période de la vie.

Les soins cutanés permettent de maintenir la peau dans un état de propreté. Ils permettent également de prévenir les infections cutanées et à point de départ cutané, ainsi que certaines affections dermatologiques, l’irritation et/ou la sécheresse cutanée. L’apport de soins cutanés a également pour but d’apporter à l’enfant confort et bien-être et d’avoir avec ses parents un contact physique heureux.

Il n’existe pas de consensus et l’on observe des pratiques variées, qui dépendent de l’âge de l’enfant, des traditions culturelles.

Il existe un grand nombre de produits d’hygiène disponibles, ce qui rend le choix complexe pour la famille et la nécessité pour le médecin de savoir apporter un conseil. Ces dernières années dans les pays occidentaux, le marché de l’enfant a subi un développement fulgurant. Les mamans sont tentées d’utiliser un nombre trop élevé de produits et à en changer souvent. Ainsi, une maman utilise en moyenne 8 produits différents par enfant, ces derniers contenant 48 composants chimiques en moyenne. Ces produits ne sont pas toujours adaptés et peuvent occasionner des réactions cutanées à type d’irritation ou de sensibilisation. Les produits utilisés sont les suivants : sérum physiologique pour la toilette du visage, détergents (savon ou shampoing), antiseptiques, émollients, produits protecteurs pour la prévention de la dermite du siège. Ces produits doivent préserver l’intégrité de la peau, ne pas être toxique et/ou sensibilisant.

 Les soins à la naissance

– Les 1ères toilettes

Après l’accouchement le bébé doit être essuyé ou lavé à l’eau pour enlever le vernix caseosa. Le moment du 1er bain peut avoir lieu dans la 1ère heure ou plus tard, à condition que la température axillaire soit stable. Si la toilette est faite par le personnel soignant, ces derniers doivent se munir de gants afin d’éviter un contact avec le sang maternel.

Les bains suivants peuvent être donnés avant la chute du cordon même si dans certaines cultures les parents attendent la chute du cordon. Comparativement à une toilette simple au gant hors du bain, le bain a l’avantage d’être agréable pour l’enfant et de le calmer, d’occasionner moins de perte de chaleur et de perte d’eau trans-épidermique. Il n’existe pas de risque accru d’infection en cas de bain.

– Les soins du cordon

Le moignon du cordon se dessèche et tombe en 7 à 15 jours. Pendant cette période, l’ombilic constitue une porte d’entrée possible pour des infections cutanées ou à point de départ cutané. Le type de soins apporté n’est pas codifié. Les antiseptiques sont communément utilisés. Il a été montré que l’utilisation de chlorhexidine en solution aqueuse à 4% permettait de diminuer les omphalites. Il est probable que des concentrations moindres ou d’autres antiseptiques soient aussi efficaces.

Il est recommandé d’assurer une antisepsie jusqu’à la chute du cordon. Une compresse imbibée de chlorhexidine aqueuse à 5% doit être appliquée 2 fois par jour dans tous les replis après un nettoyage doux. L’ombilic doit alors être recouvert d’une compresse maintenue en place par un filet élastique.

Cependant, l’utilisation des antiseptiques pour le soin du cordon est controversée. Pour certains auteurs elle pourrait retarder la chute du cordon en réduisant les phénomènes inflammatoires.

Le bain peut-être donné avant la chute du cordon (voir paragraphe « le bain »).

 Les soins de la naissance à l’âge d’un an

– La toilette

– Le bain

Le bain peut être quotidien ou réalisé uniquement 2 fois par semaine. S’il est espacé de quelques jours, certaines zones comme le siège, le cordon ou les plis doivent être quotidiennement lavées. L’eau du bain doit être à 35-36°C et la température de l’air à 21 à 28 °C. Le bain doit durer 5 à 10 minutes maximum. Si le bain est trop long, la peau hyperhydratée devient trop fragile suite à une réduction de la cohésion cellulaire. Dans ce cas, les frictions peuvent entraîner des traumatismes. La toilette peut être faite délicatement avec les mains ou un gant de toilette lavé à chaud après chaque toilette.

Une toilette le soir avant le coucher pourrait permettre de calmer l’enfant.

Le bain doit être donné dans des conditions de sécurité : placer le bain dans un endroit stable et sûr ou utiliser une baignoire fixe, garder l’enfant sous surveillance continue, vérifier la température de l’eau après avoir remué le bain, hauteur de bain de 5 cm. Mouiller l’enfant régulièrement pour ne pas qu’il se refroidisse. Les jouets de bain ou tapis de sol sont des sources d’infection et doivent être désinfectés avant utilisation.

Après le bain, l’enfant doit être immédiatement couvert avec une serviette sèche et tamponné (et non frotté) pour le séchage. Puis il doit être immédiatement habillé pour éviter l’hypothermie.

 Produits à utiliser pour le bain

La toilette est faite généralement avec un détergent, c’est à dire une substance capable de nettoyer la peau en enlevant les impuretés (poussières, corps gras, sécrétions, micro-organismes). La toilette à l’eau, sans détergent, est possible mais semble présenter des inconvénients par rapport à l’utilisation d’un détergent. En fait, la toilette à l’eau s’accompagne d’avantage d’érythème et sécheresse cutanée. Il existerait plus de dermatite atopique en cas de toilette à l’eau.

Le détergent à choisir doit être non agressif, ne pas contenir de substances toxiques (en particulier conservateur) et être si possible non parfumé. Il est préférable d’utiliser des produits sans savon. Les produits liquides seraient préférables aux pains solides, il peut s’agir de produits contenant un émollient. Il faut se méfier des huiles qui peuvent contenir des substances nocives (toxiques ou allergisantes). Les bains moussants sont à proscrire car trop irritants. En général, plus le produit est moussant et plus il est agressif. Le nettoyant doit avoir un pH neutre ou légèrement acide (pH 5.5 – 7) et ne pas irriter la peau ou les yeux. Pour la toilette des cheveux, il est possible d’utiliser le même nettoyant que pour le corps, ou d’utiliser un shampoing qui devra être choisi selon les mêmes critères que le produit du corps.

Le détergent doit être utilisé en petite quantité pour éviter qu’il ne soit mal rincé. L’utilisation d’un flacon avec pompe pourrait permettre de quantifier la dose à utiliser.

 Les émollients

Tantôt huile dans l’eau, tantôt eau dans l’huile, ils sont composés d’une phase grasse et une phase aqueuse. Ils contiennent des tensio-actifs pour assurer l’émulsion et des additifs (parfums et conservateurs).

Ils ne doivent pas être utilisés systématiquement mais sont utiles en cas de sécheresse cutanée ou d’irritation.

L’utilisation abusive sur le siège pourrait favoriser les dermites du siège en augmentant l’occlusion.

Il existe un risque d’allergie de contact (lanoline, baume du pérou, conservateurs : acide benzoïque, parfums et extraits de plante). Il convient donc de privilégier les produits sans parfum, sans essence naturelle et sans lanoline. Il convient de privilégier des produits de marque fiable, ayant fait des études de tolérance et de sécurité chez l’enfant.

 Les soins du siège

Cette zone est fréquemment le siège d’irritations en raison du contact prolongé avec les urines et les selles. Les urines ont un PH alcalin et contiennent de l’ammoniaque, les selles contiennent des uréases bactériennes. Les couches induisent des frottements et un phénomène de macération par effet occlusif. Elles doivent idéalement être changées dès que souillées, c’est-à-dire environ 10 fois par jour.

En cas de souillure par l’urine, une toilette à l’eau suffit. En cas de selles, il convient d’utiliser un détergent. Les produits d’hygiène utilisés pour la toilette du siège ne doivent pas irriter d’avantage le siège. Il convient d’utiliser le même nettoyant que celui utilisé pour la toilette, ou un nettoyant sous forme de lait. Les laits de toilette sont des émulsions huile dans eau. Contrairement aux indications du fabricant, ils doivent impérativement être rincés. Leur prix est élevé. Les mêmes règles de choix que celles du nettoyant s’appliquent. L’innocuité des lingettes non rincés n’est pas prouvée.

Le séchage qui va suivre le rinçage doit être soigneux, en particulier dans les plis.

En cas d’irritation on note un érythème fessier en « W » c’est-à-dire respectant les plis et siégeant au niveau des zones de frottement. Le risque est la complication sous la forme d’une infection cutanée mycosique (candida albicans) et/ou bactérienne. En cas d’érythème fessier, l’éosine aqueuse est communément utilisée et a montré des résultats satisfaisants. Les pâtes à l’eau ou pâtes à l’oxyde de zinc peuvent être utilisées sur peau impérativement propre et sèche. Elles permettent d’isoler la peau des urines et des selles.

Concernant les topiques médicamenteux, il convient de garder à l’esprit que la macération occasionnée par le port de couches augmente la perméabilité et peut induire une absorption systémique significative.

 Les oreilles

L’utilisation de coton-tige est déconseillée dans le conduit car elle peut conduire à la formation de bouchon. On pourra utiliser une compresse roulée pour nettoyer avec de l’eau l’oreille, le conduit, sans oublier la zone rétro-auriculaire.

 Les ongles

Ils doivent être coupés courts. Une lime peut-être utilisée au cas où il existe une extrémité pointue avec laquelle l’enfant pourrait se griffer.

 Autres produits :

– Les antiseptiques

Ils ont pour but de détruire ou d’inhiber les micro-organismes. Leur utilisation ne doit pas être systématique. Ils sont utiles pour le cordon et pour désinfecteur une plaie. Il faut privilégier les biguanides et les amidines. Il faut proscrire les colorants, antiseptiques alcooliques, dérivés mercuriels, halogènes, iodés (danger systémique potentiel). Il existe un risque de colonisation bactérienne des flacons qui doit faire privilégier les minidoses.

– Le talc et autres poudres

Ces produits réalisent une absorption de l’humidité due à la macération. Ils sont encore utilisés. Ils ne sont pas dénués de risque. En effet, des inhalations accidentelles ont été rapportées. De plus, leur accumulation dans les plis favorise les infections.

 Cas particulier de l’enfant présentant une dermatite atopique

Les mêmes règles que celles citées précédemment sont de mise.

La toilette n’aggrave pas la dermatite atopique. Elle permet de diminuer la colonisation bactérienne de la peau car cette dernière est très augmentée par rapport à un sujet normal.

L’utilisation de nettoyant ne contenant pas de substances allergisantes est encore plus impérative.

L’utilisation d’émollients est conseillée après le bain.

Un nettoyant liquide contenant un émollient ou une huile de bain peut être utilisé.

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