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Histoire d'allergies

Mon cheval au Poney-Club

publié le 09/10/2019 | par Michèle Pipart

ALLERGIQUE ? Histoires et nouvelles pour petits et grands.
L’auteure nous emmène dans un monde allergique vivant, drôle, émouvant, à travers des scènes imaginaires ou de la vie quotidienne.Ces courtes histoires sont rythmées par les saisons en commençant par le printemps.

J’ai déjà dans mon placard :

  • une tenue de foot complète : une rhinite et une bronchite parce que le foot c’est même lorsqu’il pleut et chez nous dans le Jura la pluie est froide en automne. Cela m’arrangeait bien, car courir après le ballon, ce n’est pas mon truc : peut-être gardien mais le poste était déjà pris.
  • une tenue de badminton : j’en ai fait un an, là c’est les horaires de maman qui ne collaient plus pour aller me récupérer la 2ème année et si cela à l’air facile de faire du « bad » vous n’avez qu’à essayer, c’est sportif !
  • l’école ayant fait une initiation au golf, j’ai également quelques clubs qui traînent dans ma chambre mais sur le terrain il y avait trop de moustiques.
  • le judo : un trimestre m’a suffi pour comprendre que ce n’est pas un sport pour moi : j’ai trop mal aux fesses avec les chutes.

La natation c’est exclu : la 1ère piscine couverte est à 50 km pas moyen d’y aller, enfin pour s’entraîner régulièrement!

Une copine de maman emmène sa fille faire de l’équitation et elle a proposé de me faire essayer.
Moi à priori je n’ai rien contre sauf que j’ai peur des animaux : les poules (c’est ma terreur), mais également les chèvres -peut-être que celle de Mr Seguin avait de trop grandes cornes- et également les chevaux : je ne suis pas très à l’aise … mais Oriane m’a dit qu’elle montait un poney, c’est plus petit.

Mercredi arrive et me voilà embarqué. Après 1/2heure de voiture nous sommes arrivés au poney-club.
Oriane est super à l’aise, elle retrouve toutes ses copines. Mais il n’y a que des filles. A non, un autre garçon a l’air à peu près de mon âge. « Salut » « Salut, c’est la 1ère fois que tu viens? «Oui, et toi? «Non, moi j’habite ici et c’est ma mère qui fait les cours ».

Oriane revient me chercher, « il faut que tu prépares ton cheval, viens voir sur la liste. Ah, tu es sur Geronimo. Il faut passer à la sellerie, tu prends une bombe pour ta tête : tiens, essaye celle-là. Ouais ça va. Tiens un tapis de selle, la selle de Geronimo et son filet « . Moi je croyais que cela s’appelait un licol. Elle me fait traverser l’écurie : des 2 côtés de l’allée il y a des box avec des chevaux. Je reste bien au milieu et je fais attention à ne rien laisser tomber, c’est « super lourd ». Je vois dans un grand abri couvert, un immense cheval pommelé. Il n’a pas l’air commode. « C’est lui Geronimo, si il est bien luné ça va, sinon…. » On ne peut pas dire qu’Oriane me rassure vraiment. « Attends, je vais te montrer comment tout mettre ». Le tapis de selle : fastoche, la selle il faut attraper la sangle par en-dessous je ne suis pas très rassuré. Enfin j’y arrive. « Tu vois pour mettre le filet , tu mets ta main droite comme cela et avec le pouce gauche tu essayes de lui ouvrir la bouche pour mettre le mors. « Déjà je n’arrive pas à attraper sa tête. Oriane s’énerve. « Bon, tu grouilles, il faut que moi aussi j’aille préparer Loustic ». Finalement elle lui passe le filet et me tend les rênes. « Attends là  » on viendra te chercher.

Geronimo veut bouger un peu et là je découvre avec terreur une poule qui était sur la paille au fond vers le mur. Je deviens blanc, mes mains se mettent à trembler, elle lève la tête:  » ne bouge pas « . Elle se remet à picorer sans lever une patte : Ouf!
Stéphanie (c’est ma prof) s’approche de moi. « Tu es Mathieu, le copain à Oriane, elle t’a aidé à tout mettre « .  » Oui » Elle se trompe Oriane n’est pas ma copine! Elle ouvre le portillon et là Geronimo me marche sur le pied ; je l’avais presque oublié celui-là. Stéphanie m’attrape les rênes. Nous allons dans la carrière de dressage. Je marche tranquillement à son coté. Au coin de l’écurie, je découvre non pas une, mais une dizaine de poules qui barrent le passage. Je me précipite de l’autre côté.

Nous sommes cinq à ce cours avec évidemment quatre filles . « Montez maintenant » Je ne sais vraiment pas comment faire et cet équidé est vraiment trop haut. J’attrape la selle et je mets un pied dans l’étrier. Geronimo en profite pour avancer alors que j’ai un pied de coincé et l’autre à 5 cm du sol. Évidemment la selle glisse sur le flanc du cheval et je me retrouve par terre entre ses pattes. Stéphanie se précipite. « Il fallait m’attendre » me dit-elle gentiment. « Attends, je le sangle correctement « . Elle tient d’une main ferme le cheval et avec de l’élan j’arrive à me hisser sur la selle. Elle me tend les rênes et me voilà tout seul. Que c’est haut ! Je crois que j’ai le vertige. A ce moment Geronimo se gratte avec une patte en la mordillant et c’est encore plus terrible. J’ai peur, j’ai mal au ventre. Je crois que je vais redescendre. Mais comment? De toute façon il se met à avancer. C’est un cours de débutant mais les filles ont quelques leçons d’avance. Oriane est déjà Galop 3, elle est dans un autre cours.

J’ai vraiment peur et je sens que je commence à avoir de la peine à respirer. Non, ce n’est pas la peur, c’est peut-être de l’asthme. Cela fait longtemps que je n’ai pas fait de crises. Du coup je ne m’occupe plus du tout de mon cheval qui semble savoir faire tout seul les exercices demandés.

Le cours ne dure que 30mn pour cette fois. Il faut descendre et je fais presque le grand écart en mettant le pied par terre.
Je ne suis pas rassuré et emmène le cheval dans son box. Stéphanie me dit qu’elle va m’aider à tout enlever mais que je dois brosser mon cheval et lui donner un petit bout de pain sec. La poule n’est plus dans la paille. Je commence à brosser « cet indien » et je me mets à nouveau à tousser. Les yeux me piquent et atchoum : 10 éternuements de suite. Le petit bout de pain, Stéphanie m’a montré comment lui présenter, est avalé tout en ayant mis plein de salive sur ma main. Je vois apparaître quelques boutons sur mon poignet là où la salive a coulé.
J’ai vraiment eu super peur aujourd’hui.

La semaine d’après maman me force à y aller. « A chaque fois c’est pareil, tu essayes une fois et tu abandonnes » Bon nous y voilà à nouveau.

« Ah tu as Chinook pour ce cours » Et alors ? « Ben c’est Chinook! » C’est le plus gentil de tous.
Un cheval blanc magnifique me regarde de ses yeux sombres. Il approche ses lèvres de mes mains comme pour me faire un bisou. « Chinook est maintenant âgé mais c’était un super cheval de concours, c’est un pur-sang arabe ». Chinook se laisse facilement mettre la selle et baisse sa tête afin que je puisse lui mettre le filet. Le comble, il se met à bailler lorsque je veux lui mettre le mors en place : c’est trop fastoche. Je suis très fier et prêt dans les temps. Pour aller à la carrière, il ne doit pas non plus aimer les poules car il se tient à distance.

Stéphanie vient m’aider pour monter et là Chinook se met à avancer de sa longue foulée. J’ai l’impression qu’il sait que je commence et se met presque à me bercer. Son pas est souple, fluide, ample. Il se laisse diriger à droite à gauche. « Prenez la piste et demandez le trot ». Là cela secoue un peu plus, il revient docilement au pas et surtout en profite pour manger un pissenlit qui était au bord de la piste. « Les chevaux ne mangent pas lorsqu’ils travaillent » ça c’est pour moi (enfin pour Chinook). La séance d’une heure passe presque trop vite et je dois déjà descendre. Ramener Chinook au box est un jeu d’enfant. Cependant je me mets encore à tousser lorsque je le brosse. J’ai pris une baguette de pain sec pour lui donner et aucune salive n’est en contact avec ma peau.

Stéphanie nous appellent tous : « venez voir le poulain de ma pouliche, il tête sa mère. » C’est un spectacle que je n’avais jamais vu et je suis très touché. Je crois que je vais devenir vétérinaire, enfin vétérinaire sans poules ni chèvres!

Au retour je raconte tout cela à maman mais je tousse encore et elle me dit que je siffle. Prends ton broncho dilatateur et nous irons voir le médecin demain.
Lors de la consultation mon médecin me fait souffler dans un débit mètre et me dit « tu as le souffle un peu court, jeune homme ». Je pense qu’il s’agit d’une citation car il aime parler comme cela. » Il faudrait consulter un allergologue pour savoir si tu peux continuer à faire du cheval, car si tu es allergique cela ne sera pas possible.  »

Lors de la visite chez l’allergologue, il me fait des tas de tests : des petites gouttes sur la peau en piquant à travers avec un petit bout de plastique. « je peux continuer de faire du cheval? »
« Pour l’instant ton test est négatif, mais il faudra faire une prise de sang pour confirmer cela ». Je repense aux grands yeux de Chinook et oui pour lui je veux bien faire cette prise de sang et même ne pas déjeuner le matin car il faut y aller à jeun.
« Mais là j’ai des points rouges et ça gratte, ce n’est pas le cheval » « Non ce n’est pas le cheval, mais tu es allergique à la poussière » Cela je le sais déjà, lorsque je saute sur mon lit je me mets à tousser après. « Tu peux continuer d’aller faire de l’équitation mais uniquement lorsque tu seras en forme et je vais te demander de souffler dans un débit mètre chez toi. Tu n’auras le droit d’y aller que lorsque la flèche est dans la zone verte et prends bien les médicaments que je vais te prescrire ».

Les résultats de la prise de sang ont confirmé que j’étais allergique aux acariens mais pas au cheval.

A nous deux Chinook, me revoilà et bientôt tu me feras galoper en laissant ta crinière filer au vent. Je suis devenu un passionné d’équitation et même Geronimo ne me fait plus peur, par contre les poules, là c’est une autre histoire.

 

ALLERGIQUE ?
Histoires et nouvelles pour petits et grands.

Le printemps.
L’allergie est une maladie mondiale en forte expansion.
Cet ouvrage aborde l’allergie par le biais de petites histoires. Le vécu de l’allergique, ses difficultés au quotidien sont décryptés afin de mieux connaître et par conséquent de mieux combattre ce fléau : l’allergie. De nombreux conseils, astuces sont donnés pour identifier et éviter l’allergène responsable des symptômes présentés.

L’auteure nous emmène dans un monde allergique vivant, drôle, émouvant, à travers des scènes imaginaires ou de la vie quotidienne.
Ces courtes histoires sont rythmées par les saisons en commençant par le printemps.

Michèle PIPART est médecin allergologue et exerce depuis 1989 l’allergologie dans son cabinet libéral. Elle est également diplômée en Sophrologie relaxation.

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