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Point de vue du Président du collège interdisciplinaire SEIQA

Nettoyage et qualité de l’air : un couple maîtrisable ?

publié le 08/05/2019 | par Fabien Squinazi

Les bonnes pratiques de choix et d’utilisation des produits d’entretien sont rappelées dans un rapport d’expertise publié en avril 2019 par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie concernant l’impact des produits d’entretien sur la qualité de l’air intérieur (PEPS – Définition d’un protocole d’essais simple et harmonisé pour l’évaluation des émissions en composés volatils). Les auteurs recommandent plusieurs mesures pour diminuer les expositions au cours du nettoyage : préférer des produits non-parfumés, limiter les quantités d’huiles essentielles ajoutées aux produits fait-maison, fabriquer ses propres produits ménagers à partir d’un nombre limité d’ingrédients, pas ou peu transformés, respecter les recommandations des fabricants pour les produits manufacturés, proportionner le niveau d’utilisation aux besoins réels, aérer les pièces (idéalement pendant) et après le nettoyage, pendant au moins 10 minutes, rincer les surfaces nettoyées, limiter la présence de personnes dans les pièces en cours de nettoyage.

L’étude a consisté, dans un premier temps, à évaluer les émissions de 28 produits manufacturés et de 6 produits fait-maison en conditions maîtrisées dans une chambre d’émission. Puis, une campagne d’essais a été menée, au sein de la maison expérimentale MARIA du Centre scientifique et technique du bâtiment, pour évaluer, en conditions réelles selon des scénarios réalistes d’utilisation, les émissions de 4 produits manufacturés et des 6 produits fait-maison. Enfin, à partir des facteurs d‘émission mesurés en laboratoire, une analyse des indicateurs sanitaires a été réalisée.

Cette étude révèle que les indications fournies par les fabricants sont relativement parcellaires et qu’elles sont insuffisantes pour prévoir les émissions volatiles résultantes. L’analyse complémentaire de la composition liquide ou de la composition en fraction volatile est toujours à réaliser pour obtenir des informations plus robustes. Parmi les produits les plus émissifs, sont retrouvés les trois nettoyants pour vitres, le produit manufacturé ayant un niveau d’émission près de cinq fois supérieur aux deux autres produits fait-maison, deux vaporisateurs nettoyant multi-usages manufacturés et le nettoyant pour les sols fait-maison. Parmi les trois nettoyants multi-usages fait-maison, celui contenant la quantité d’huile essentielle d’eucalyptus la plus importante est plus émissif que les autres préparations. Pour la majorité des produits testés, les émissions de composés organiques volatils totaux sont majoritaires au cours de la première demi-heure suivant l’utilisation du produit et une décroissance régulière est observée au cours des trois heures suivantes.

Les résultats obtenus suggèrent que les risques sanitaires attribuables aux produits testés peuvent être considérés comme faibles. Néanmoins les limites et incertitudes identifiées pendant l’évaluation des risques sanitaires invitent, dans une logique de prudence, à diminuer les expositions de la population générale, avec une attention particulière aux personnes les plus sensibles : femmes enceintes, enfants, personnes souffrant de de troubles respiratoires, etc. Les auteurs proposent de mettre en place un système d’étiquetage portant à la fois sur la composition et les émissions en composés volatils des produits. D’autres substances seraient à prendre en compte : sensibilisants respiratoires, (nano)particules, composés organiques semi-volatils, perturbateurs endocriniens…

Fabien Squinazi
Président du collège d’experts

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