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Point de vue du Président du collège interdisciplinaire SEIQA

Pollution de l’air ambiant par les particules fines PM2,5 : Paris à la 33ème place de 75 capitales mondiales

publié le 09/02/2024 | par Fabien Squinazi

En 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a abaissé le seuil de référence des PM2,5 à une concentration moyenne annuelle de 5 µg/m3, en réponse au nombre croissant de preuves des risques sanitaires associés à une exposition de long terme. Bhabna Banerjee, datajournaliste et illustratrice canadienne, qui a collaboré notamment à Visuel Capitalist et Forbes, a créé le site Planet Anomaly en mars 2023 pour transformer des données scientifiques sur la pollution et la crise climatique en « histoires visuelles et digestes ». Une datavisualisation, parue en novembre 2023, s’appuie sur les données du rapport d’IQAir 2022 sur la qualité de l’air dans le monde, en présentant les données de 75 capitales mondiales (IQAir 2022.World Air Quality Report).

En tête du classement, Camberra, la capitale de l’Australie, se distingue par une concentration moyenne annuelle de 2,8 µg/m3, puis viennent San Juan à Porto-Rico (3,3 µg/m3) et Reykjavik en Islande (3,3 µg/m3). Toutes les autres capitales mondiales dépassent le seuil de référence de l’OMS. Toutefois, 19 capitales sur les 75 étudiées ont une concentration moyenne annuelle inférieure à 10 µg/m3 : Helsinki, Finlande (5,5 µg/m3), Le Cap, Afrique du Sud (6,7 µg/m3), Stockholm, Suède (6,8 µg/m3), Ottawa, Canada (6,8 µg/m3), Oslo, Norvège (6,9 µg/m3), Dublin, Irlande (7,1 µg/m3), La Paz, Bolivie (7,3 µg/m3), Lisbonne, Portugal (7,5 µg/m3), San José, Costa Rica (7,9 µg/m3), Phnom Penh, Cambodge (8,3 µg/m3), Copenhague, Danemark (8,7 µg/m3), Managua, Nicaragua (8,9 µg/m3), Panama, Panama (9,0 µg/m3), Tokyo, Japon (9,2 µg/m3), Kiev, Ukraine (9,5 µg/m3), Madrid, Espagne (9,5 µg/m3), Londres, Royaume Uni (9,6 µg/m3), Washington D.C., Etats-Unis (9,8 µg/m3) et Taipei, Taïwan (9,9 µg/m3).

Un autre groupe de 16 capitales, dont Paris, a une concentration moyenne comprise en 10 et 15 µg/m3. On y trouve Amsterdam, Pays-Bas (10,1 µg/m3), Berne, Suisse (10,5 µg/m3), Vienne, Autriche (10,5 µg/m3), Bruxelles, Belgique (10,6 µg/m3), Moscou, Russie (10,8 µg/m3), Budapest, Hongrie (11,2 µg/m3), Nairobi, Kenya (11,5 µg/m3), Prague, République Tchèque (11,9 µg/m3), Rome, Italie 12,6 µg/m3), Berlin, Allemagne (12,6 µg/m3), Paris, France (12,7 µg/m3), Singapour, Singapour (13,3 µg/m3), Ankara, Turquie (14,0 µg/m3), Buenos Aires, Argentine (14,2 µg/m3), Hong Kong, région administrative spéciale chinoise (14,4 µg/m3) et Manille, Philippines (14,6 µg/m3).

Suit un groupe de 10 capitales dont la concentration moyenne annuelle dépasse 15 µg/m3 sans dépasser 20 µg/m3 avec Bogota, Colombie (15,1 µg/m3), Varsovie, Pologne ( 15,3 µg/m3), Kuala Lumpur, Malaisie (17,6 µg/m3), Bangkok, Thaïlande (18,0 µg/m3), Séoul, Corée du Sud (18,3 µg/m3), Guatemala (18,5 µg/m3), Bakou, Azerbaïdjan (18,9 µg/m3), Sofia, Bulgarie (19,1 µg/m3), Athènes, Grèce (19,2 µg/m3) et Tel-Aviv, Israël (19,5 µg/m3),

La situation est encore moins bonne dans les 8 capitales suivantes : Colombo, Sri Lanka (20,9 µg/m3), µg/m3), Mexico, Mexique (22,1 µg/m3), Zagreb, Croatie (22,4 µg/m3), Rangoun, Birmanie (24,8 µg/m3), Lima, Pérou (25,6 µg/m3), Santiago, Chili (25,8 µg/m3), Vientiane, Laos (27,6 µg/m3) et Pékin, Chine (29,8 µg/m3), qui a pourtant connu une réduction de 40% ces quatre dernières années.

Les 19 dernières capitales ont une pollution élevée en particules PM2,5. Ce sont Accra, Ghana (30,1 µg/m3), Oulan-Bator, Mongolie (30,6 µg/m3), Addis-Abeba, Ethiopie (31,3 µg/m3), Téhéran, Iran (36,1 µg/m3), Jakarta, Indonésie (36,2 µg/m3), Hanoï, Vietnam (40,1 µg/m3), Islamabad, Pakistan (40,6 µg/m3), Katmandou, Népal (40,7 µg/m3), Doha, Qatar (41,8 µg/m3), Riyad, Arabie saoudite (46,2 µg/m3), Abuja, Nigéria (46,5 µg/m3), Le Caire, Egypte (47,4 µg/m3), Abou Dabi, Emirats arabes unis (48,0 µg/m3), mais dans six capitales, l’air est irrespirable, comme Koweït (57,5 µg/m3), Dacca, Bangladesh (65,8 µg/m3), Manama, Bahreïn (66,6 µg/m3), Bagdad, Irak (86,7 µg/m3), New Delhi, Inde (89,1 µg/m3) et N’Djamena, Tchad (89,7 µg/m3).

Les particules fines proviennent d’une multitude de sources d’émission et de processus de transformation physico-chimiques dans l’atmosphère. Les émissions résultent de phénomènes naturels (sable du désert, sels marins, éruptions volcaniques, feux de forêts, etc.) et d’activités humaines (industries, transports, agriculture, chauffage, etc.). Le transport routier (véhicules Diesel non équipés de filtre à particule) et le chauffage résidentiel et tertiaire sont à l’origine de fortes concentrations d’aérosols organiques dans l’atmosphère, par la combustion d’énergie fossile et de biomasse. Outre les particules, le transport routier est aussi une source majeure d’oxydes d’azote (NOx) et plus particulièrement de dioxyde d’azote (NO2). Certaines émissions de particules (hors échappement, démarrage à froid, deux-roues, etc.) liées au trafic routier sont moins documentées, comme la formation d’aérosols secondaires et leur contribution à la pollution particulaire de l’air ambiant (Anses, 2019).

Les résultats obtenus dans cette comparaison de 75 capitales mondiales sont à mettre en regard des actions publiques visant à diminuer les émissions polluantes particulaires. Ces actions concernent notamment l’amélioration de la composition des carburants et des groupes motopropulseurs des véhicules, ou le développement de nouvelles technologies de dépollution. En outre, le renouvellement des véhicules, la maîtrise du trafic routier et la mise en place de nouvelles formes de mobilité, comme l’auto-partage, le co-voiturage, en particulier domicile-travail, les véhicules autonomes et les transports en commun, sont des approches et des outils à mobiliser pour tendre vers une amélioration de la qualité de l’air.

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