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La tribune de Corinne Lepage

Pollution de l’air et covid 19 : suite

publié le 13/05/2020 | par Corinne Lepage

Ma précédente chronique était déjà consacrée à ce sujet mais j’y reviens compte tenu des très nombreux développements que le sujet a connus au cours du mois écoulé.
En effet, le sujet présente une double actualité

  • d’une part, les études établissant un lien entre les particules fines PM 2.5 PM 10 et les cas de contaminations au COVID 19 ainsi que la présence éventuelle du virus dans l’air semblent se confirmer avec notamment la sortie d’une nouvelle étude italienne sur le sujet. Le nombre d’études sur les relations entre l’exposition à la pollution de l’air (particules, dioxyde d’azote et ozone, et covid 19 augmente tous les jours. A minima, la pollution apparaît être un cofacteur dans la mesure où les gens exposés à la pollution sont plus fragiles vis-à-vis des virus que les autres ; la pollution fragilise les muqueuses des voies aériennes ce qui fait pénétrer mieux le virus. Mais il est tout à fait possible que la pollution particulaire fonctionne comme le facteur propre en tant que vecteur de transport du virus. Pour le moment, les études ne sont pas suffisantes en nombre et en preuve mais, la tendance va dans cette direction.
  • D’autre part, plusieurs tribunes sont sorties pour fustiger un retour à une forte pollution de l’air,rappelant que le nombre de décès supplémentaires de la pollution de l’air avoisine les 70 000 , en France, les 500 000 au niveau de l’Europe et plusieurs millions au niveau du monde. L’épidémie de covid 19 a fait prendre conscience de l’importance du sujet pollution de l’air, largement sous-estimé jusqu’à présent. Il n’est donc pas surprenant qu’un certain nombre d’élus aient adressé, au chef de l’État, un courrier pour réclamer que » la pollution de l’air soit enfin reconnue comme priorité nationale et prise en compte dans l’ensemble des politiques publiques, pour que les près de 67 000 décès que la France connaît chaque année soient rapidement relégués au passé ».

Les travaux pratiques viennent immédiatement avec le déconfinement. En effet, la peur d’utiliser, dans les grandes villes les transports collectifs, a pour corollaire un recours probable massif à la voiture individuelle et par voie de conséquence un risque d’augmentation de la fréquentation automobile alors que celle-ci avait baissé depuis plusieurs années. D’où les choix faits par un certain nombre de villes à commencer par Paris d’encourager massivement l’usage du vélo en créant de nombreuses voies sécurisées pour le vélo et de très nombreux parkings en périphérie pour permettre aux banlieusards de laisser leur véhicule à l’entrée de Paris. Mais ce qui est fait à Paris l’est également dans un certain nombre de grandes villes en région. L’objectif est d’essayer de réduire la pollution atmosphérique étant précisé que durant toute la période de confinement, si l’ ozone et le dioxyde d’azote ont vu leur niveau profondément réduit, e il n’en a pas été de même des particules fines , dont les taux ont atteint à plusieurs reprises le niveau d’information, voire d’alerte.

Une des premières conséquences de l’épidémie est donc la prise de conscience que le sujet de la pollution atmosphérique est un sujet majeur et non pas mineur pour la prévention sanitaire, la question rejoignant bien entendu celle des émissions de gaz à effet de serre, car ils sont frères siamois.

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