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Rhinite allergique aux pollens de bouleau

publié le 07/03/2010 | par arcaa

Actualités Diagnostiques et Thérapeutiques

 

INTRODUCTION

Actuellement, plus de 20% de la population française, en moyenne, souffre d’allergies respiratoires.

Parmi elles, la rhinite allergique tient une place prépondérante, avec un rapport de 3/1 par rapport à l’asthme, adulte et enfant confondus (1).

Les pollens, responsables des rhinites printano-estivales, sont la première cause allergénique externe au domicile (en opposition aux allergènes présents à l’intérieur comme les acariens, les phanères d’animaux, les moisissures).

Trois grandes saisons polliniques sont distinguées : celle des arbres (de janvier dans le Sud de la France à avril), des graminées (d’avril à octobre avec un point culminant de mai à juillet), et des herbacées (de juin à novembre inclus en fonction des conditions climatiques).

Concernant les arbres, dans la région Nord-est de la France, le bouleau, chef de file des Bétulacées comprenant également : aulne, charme et noisetier, est le plus documenté.

GENERALITES

Le bouleau, dont l’espèce la plus représentée dans la région Nord-est est Betula Verrucosa, est très apprécié pour ses qualités d’ornement dans les jardins.

Son pollen anémophile, de petite de taille, est extrêmement allergisant, en raison de sa facilité de diffusion dans l’atmosphère et de ses qualités protéiques immunocompétentes.

Il apparait chronologiquement dans l’atmosphère après l’aulne en Europe(février) mais dépasse celui-ci dans le Nord-est de la France en intensité des symptômes allergéniques.

Les capteurs de pollens répartis sur le territoire le détectent à partir de mars en moyenne, selon les conditions climatiques (par ex : ce printemps 2010, la fraicheur et la pluie ont transitoirement repoussé la maturation des chatons de quelques semaines mais un ensoleillement brutal pourrait rapidement remédier à ce retard) (2)

 

CLINIQUE

La rhinite, caractérisée par un cortège de signes bien connus des patients et de leur allergologue, résumé par le score de PAREO regroupant : prurit, anosmie, rhinorrhée, éternuement, obstruction.

Elle est fréquemment associée à la conjonctivite (prurit, érythème, larmoiement, œdème oculaire) et dégénèrera, dans un pourcentage non négligeable de cas (20 à 30% selon les auteurs), en asthme si elle n’est pas correctement prise en charge (3).

 

 

 

DIAGNOSTIC

  • Interrogatoire poussé du malade : chronologie, circonstances de survenue, intensité et caractéristique des signes cliniques (PAREO).
  • Tests cutanés en prick-tests comparés au témoin positif et négatif.
  • Dosages d’IgE spécifiques (positif si >0,1 Ku/l) par technique de référence CAP-Rast Phadia dirigés contre le pollen ici le bouleau.
  • Plus récemment, les progrès réalisés en biologie moléculaire nous permettent d’affiner notre diagnostic en dosant dans le sang les IgE spécifiques dirigées contre les recombinants allergéniques majeurs des pollens concernés.

Pour le pollen de bouleau plus particulièrement, il s’agit de r Bet v1 (comprendre : r = recombinant, Bet = bétula , v = verrucosa, 1 = ordre de découverte)

La présence, en grande quantité d’IgE spécifiques dirigés contre ce recombinant majeur, chez un allergique clinique, biologique, avec tests cutanés positif, nous incitera d’autant plus à une désensibilisation en raison d’une plus grande efficacité de celle-ci.

Effectivement, ce recombinant majeur est également largement représenté de façon naturelle ou non(enrichi) dans les produits de désensibilisation (et les produits diagnostiques), ce qui (on le comprend donc aisément) les rend plus efficaces chez un patient qui y est principalement sensibilisé.

THERAPEUTIQUE

  • les traitements médicamenteux :
    • anti histaminiques : en comprimés, pulvérisateurs nasals, gouttes oculair
    • corticoïdes locaux : nasals, oculaires
  • la désensibilisation : Injectable ou sublinguale, elle sera principalement indiquée chez les patients allergiques prouvés au bouleau ayant également un taux d’IgE r Bet v1 élevés.

CONCLUSION

En dehors des thérapeutiques traditionnelles médicamenteuses représentées par les antihistaminiques et les corticoïdes locaux, il est désormais possible de pronostiquer la réussite d’une désensibilisation et d’en réaliser l’indication la plus appropriée grâce à l’apport des recombinants polliniques.

Le recours à cette thérapeutique permettant, non seulement de diminuer les symptômes allergiques et le recours aux thérapeutiques médicamenteuses adaptées mais aussi le nombre de patient, présentant une rhinite allergique, amenés à faire de l’asthme dans un second temps, soit prés d’un tiers d’entre eux (4).

Christine SAUVAGE-DELEBARRE – Médecin expert en Allergologie de l’ARCAA – Association de Recherche Clinique en Allergologie et en Asthmologie.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

(1) A.Magnan,D.Vervloet « ,Nez-bronches, un seul organe »,8,123,2005

(2) RNSA bulletin 02.2010

(3) Leynaert B, Neukirch F, Demoly P, Bousquet J.Epidemiologic evidence for asthma and rhinitis comorbidity.J Allergy Clin Immunol 106(suppl.5) :S201-5, 2000

(4) Recommandations Société de Pneumologie 2006

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