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La tribune de Corinne Lepage

Santé ,biodiversité et construction

publié le 10/05/2021 | par Corinne Lepage

Le sujet peut peut-être paraître surprenant mais il est pourtant particulièrement intéressant. Lors du dernier webinaire organisé par le réseau Trees, cette thématique a été développée de manière pluridisciplinaire par un médecin, un architecte spécialiste de l’immobilier durable et la juriste que je suis.(Le Webinaire est en replay sur notre chaîne youtube)

Pourquoi lier les trois sujets ? tout simplement parce que l’évolution des conditions de notre vie comme celle du droit lient de manière croissante ces 3 thématiques, avant , pendant et après la construction.
Tout d’abord, le principe zéro artificialisation des sols net progresse même si ce n’est pas encore une obligation légale stricte. Il faudra attendre 2030. En revanche, l’interdiction de porter atteinte à des espèces protégées s’applique réellement et il n’est possible de déroger à cette interdiction avec une autorisation spécifique fondée sur un motif impératif d’intérêt général très rigoureusement contrôlé par le juge. De manière plus large, et même en l’absence d’espèces protégées, l’atteinte à la biodiversité ne va pas d’elle-même puisque c’est la séquence dite ERC (éviter, réduire,compenser) qui s’applique, la compensation n’étant possible que si l’évitement est exclu et que la preuve en est apportée.

Dans l’acte de construire , la question santé/biodiversité est natruellement présente. Elle l’est tout d’abord dans les matériaux qui sont utilisés pour la construction. Les matériaux bio-sourcés (le bois la paille , le liège , le chanvre, le lin, la laine de mouton, les plumes de canard, l’osier, le roseau, le miscanthus, le bambou la voile de cellulose ,les textiles recyclés) sont des matériaux avec un cycle de vie du produit positif et qui sont aujourd’hui encouragés par la réglementation à la fois sur le plan climatique , sur celui de la sobriété , de la consommation des ressources et de la préservation de la qualité de l’air intérieur. Le nouvel article L 171 – un du code de la construction et l’habitation rappelle ainsi que la construction et la rénovation des bâtiments doit limiter la consommation d’énergie ,de ressources des bâtiments construits et rénovés ainsi que leur impact sur le changement climatique, sur leur cycle de vie, afin qu’il soit plus faible possible, sans préjudicier au respect des objectifs de qualité sanitaire et des confort thermique. Le respect de ces objectifs tient compte du confort d’usage ainsi que de la qualité sanitaire.
Il existe désormais un label bâtiment du ressourcé attribué au bâtiment qui intègre un taux minimal de ce type de matériaux.

De la même manière, la végétalisation des bâtiments et des espaces urbains se développe massivement tout d’abord dans un but d’amélioration de l’isolation thermique et phonique , mais aussi d’embellissement, de favoriser la biodiversité dans la ville et enfin de réduire les îlots de chaleur. La renaturation des villes devient un impératif dans le cared de l’adaptation au dérèglement climatique mais aussi de la qualité de vie. Toitures, façades mais aussi plantations en ville d’arbres, reconquête des espaces bitumés, développement de l’agriculture urbaine, autant de nouvelles techniques de plus en plus utilisées dans l’intérêt conjoint de la biodiversité et la santé du fait de l’amélioration de la qualité de l’air et de la réduction de la température l’été.

Enfin, tout ceci doit permettre une amélioration de la qualité de l’air intérieur et une réduction de l’exposition à tous les polluants et source de développement de pathologies et en particulier d’allergies. Le sujet est non seulement celui de la bonne ventilation et de l’aération des locaux, mais aussi de l’utilisation des matériaux de construction et de décoration, y compris le recours à des peintures saines, sans oublier le bon usage des plantes à l’intérieur des locaux afin d’éviter tout effet sanitaire négatif.

Ainsi on le voit – et chacun des points qui viennent d’être abordés mériterait d’être largement développés- le sujet ne manque pas d’intérêt pour chacun de nous, simple consommateur mais aussi architecte médecin ou juriste.

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