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Un peu d’histoire liée au pollen

publié le 04/02/2022 | par Delphine Prince

Pour la culture, certes. Mais aussi avec l’objectif de voir comment les décisions passées de plantations, d’aménagement du paysage, influent sur le développement des pollinoses.

Alors que l’hiver est loin d’être terminé, les pics de pollinisation des espèces allergisantes  sont constatée depuis la fin janvier.

Dans le sud de la France, les capteurs du Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA) s’affolent avec un risque pollinique dans le rouge sur tout le pourtour méditerranéen. 

Le responsable : le pollen de cyprès

Avant

Porteur d’une riche symbolique, évocateur du deuil et de l’éternité, le cyprès, symbole du paysage méditerranées était traditionnellement planté de manière isolé pour son élégant port en pinceau.

La mythologie grecque nous conte l’origine du cyprès.

Le jeune Cyparissus, amant d’Apollon chérissait un cerf qu’il transperça  par mégarde de son javelot. Inconsolable, il souhaita mourir lui-même, ce que les dieux lui refusèrent. Ce mythe nous est rapportée par Ovide dans ses Métamorphoses. Laissons au poète vous en conter lui-même la suite : Cyparissus gémit, et ne demande aux dieux, pour faveur dernière, que de ne jamais survivre à sa douleur. Cependant il s’épuise par l’excès de ses pleurs. De son sang les canaux se tarissent. Les couleurs de son teint flétri commencent à verdir. Ses cheveux, qui naguère ombrageaient l’albâtre de son front, se hérissent, s’allongent en pyramide, et s’élèvent dans les airs. Apollon soupire : « Tu seras toujours, dit-il, l’objet de mes regrets. Tu seras chez les mortels le symbole du deuil et l’arbre des tombeaux ».

Sur un mode plus léger, le cyprès est également en Provence, le symbole d’hospitalité et de bienvenue. Plantés devant la maison, ils accueillent le visiteur : le premier offre à se désaltérer, le second à se restaurer et le troisième offre de surcroit le gîte.

De nos jours

Rare en Europe jusqu’en 1975, l’allergie aux pollens de cupressacées a pris de l’ampleur du fait de la plantation massive et serrée de ces espèces sous la forme de murs verts avec l’espoir d’obtenir ainsi des haies brise-vents.

Cette introduction monospécifique d’une espèce, outre l’uniformisation du paysage, a favorisé, par le biais d’une pollination massive le développement de pollinoses depuis la seconde moitié du siècle dernier.

De plus l’efficacité de ce type de  brises vents est discutée : Pour une fonctionnalité optimale (ralentir les vents sur une distance bien plus longue que la hauteur de la haie), ce type de haies doit garder une porosité de 30 à 40%.  Or, du fait de la plantation serrée des cyprès et de l’absence de porosité qui en résulte, ces haies ne stoppent le vent que sur deux fois leur hauteur contre 15 à 20 fois pour les haies de feuillus.

Diverses espèces de cupressacées coexistent. 

Le thuya et l’if ne sont responsable que d’allergies de proximité.

Le cyprès d’Arizona (Cupressus arizonica) au tronc rouge et au feuillage est planté dans les jardins pour son aspect décoratif. Son pollen est dispersé par le vent.

La grandes espèces allergisantes, plantée massivement et dont les pollens aménophiles,  cause de cette épidémie et qui pollinise quasiment toute l’année avec un pic en février et mars est  le cyprès commun ou cyprès d’Italie (cupressus sempervirens).

Les signes cliniques de l’allergie aux pollens de cyprès sont les signes habituels de l’allergie respiratoire : rhinite, conjonctivite, toux et asthme. Ils peuvent apparaitre à tout âge : de la petite enfance à un âge avancé.

Notons dans les régions les plus au sud, une pollinisation du frêne et du noisetier, responsable d’un risque pollinique non négligeable.

Ailleurs en France

Le noisetier a débuté sa pollinisation et si le risque allergique est encore faible dans les régions le plus au Nord, exerçant à Lille certains patients m’ont confiés cette semaine être symptomatique depuis une dizaine de jours.

Les allergies aux pollens de bétulacées et autres feuillus sont amenées à prendre de l’ampleur dans les semaines à venir.

Ceci nous donnera l’occasion lors de prochaines rubriques de réaliser, en fonction de l’actualité pollinique, un focus sur les arbres à « chatons » et en particulier les bétulacées (noisetier, aulne, bouleau, par ordre chronologique de pollinisation).

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